lundi 22 avril 2013

3 GUERRE DU MALI, Troisième audience.

COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Séances du 30 Mars et 7 avril 2013
 Troisième Audience
 Sur le banc des accusés : Le président François Hollande, chef de l’ÉTAT français.

L'inculpé

Après avoir à nouveau invité l’inculpé à décliner ses nom, prénom et qualités, lui avoir fait jurer de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, le Président de la Cour s’adresse alors au prévenu en ces termes :

 LE PRESIDENT : A l’issue des deux premières séances de ce procès, et malgré la faiblesse de vos arguments de défense et le peu de rapport avec les faits précis qui vous ont conduit devant cette Cour, vous avez été laissé en liberté provisoire. Cette clémence de la Cour avait deux raisons. La première, je vous le rappelle, liée à l’Histoire de notre Pays, est le modèle auquel vous avez cru bon de vous soumettre, celui des chefs d’État qui, méprisant ou étouffant les idées et les valeurs de ce que l’on a appelé la période des Lumières débouchant sur la Révolution de 1789, se sont comportés en autocrates arrogants ou en assassins. Votre « normalité » ne pouvait que vous rendre difficile le choix d’un autre modèle. Lourd handicap, en effet, que cette absence de particularité, de personnalité, de spécificité ! Un simple quidam, élu roi « à la ramasse » aura bien du mal à dissimuler son indigence. L’autre raison, comme je vous l’ai déjà dit, de la clémence de la Cour est la haine de la « démocratie » qui vous a été inculqué à l’École des Sciences politiques. Il est peu vraisemblable que vous ayez connu ou retenu l’histoire de votre école. Son fondateur, en 1871, justifiait l’autocratie oligarchique élitiste de l’école, la rendant seule apte à gouverner. « Il faut que, derrière l’enceinte croulante de leurs prérogatives et de la tradition, le flot de la démocratie se heurte à un second rempart fait de mérites éclatants et utiles, de supériorités dont le prestige s’impose, de capacités dont on ne puisse pas se priver sans folie. » Voyons maintenant, depuis la dernière audience quels « remparts » vous avez, en ce domaine et plus spécialement sur les chefs d’accusation qui vous ont conduit devant cette Cour, voulu renforcer ou abattre ? 

L’INCULPE : Monsieur le Président, je continue à penser que ce « rempart est indispensable pour freiner les ardeurs populaires. Mais pour éviter de le renforcer, en ces périodes de crise, moi, que vous appelez l’homme sans qualité, ai mis en place quelques outils facilitant la baisse sensible de la qualité de la réflexion et par voie de conséquence celle de l’action contestatrice de la plèbe. L’un de ces outils est la publicité et la communication « spectacle ». Distraire et mentir plaisamment par l’image, impressionner par un jargon pour initiés, telles sont les vertus assoupissantes. A ce titre, j’ai fait nommer le secrétaire général de la chaine privée publicitaire, « Canal Plus », à la tête de mon école « Sciences Po ». J’ai recommandé à mon premier ministre de faire diriger sa communication par un publicitaire, ancien bras droit du patron de Publicis, la plus importante agence de ce secteur. Enfin, j’ai invité le responsable d’une chaine de télévision publique, FR3, à utiliser la célèbre formule publicitaire « Profitez de votre temps de cerveau disponible » pour son journal d’information du soir. Je l’ai invité, pour qu’il rappelle à ses téléspectateurs que j’étais d’origine « socialiste », à intituler son journal : « Le Grand Soir ». Il se trouve que le premier épisode de ce « Grand Soir » était centré sur la dépénalisation du « Racolage Passif ». Je ne risquais donc rien.

LE PRESIDENT : Monsieur Hollande, Ne pensez vous pas que ce dont vous vous glorifiez n’est que mépris à l’égard de votre propre peuple et que cette sorte d’attentat publicitaire contre les cerveaux s’inscrit en droite ligne dans la façon dont vous et vos soldats traitent le peuple malien. Je vous rappelle que vous êtes ici, devant cette Cour Internationale, pour avoir déclenché une guerre en Afrique sans l’autorisation explicite des instances internationales, et l’avoir poursuivi. Je vous avais invité, lors de la précédente audience, à ne pas imiter ces « illuminés » dont parle le premier ministre malien pour désigner les terroristes religieux que vous tentez de chasser. Je constate qu’au contraire, votre folie de « chef de guerre » vous a conduit à accumuler, depuis la dernière audience, une série d’initiatives justifiant, selon le procureur général de cette Cour, de nouveaux chefs d’accusation. Ainsi en est il de l’ouverture d’un nouveau front en Syrie, au moyen de livraisons d’armes aux rebelles anti gouvernementaux, et ce, sans que, une nouvelle fois, votre pays soit chargé officiellement par l’ONU d’une telle mission.

L’INCULPE : Monsieur le Président, depuis deux ans il y a eu deux cent mille morts en Syrie et autant de réfugiés. J’a donc pensé, avec mon ami conservateur anglais, David Cameron, qu’il était temps de mettre fin aux massacres et de chasser le Président Assad du pouvoir. En outre, en ma qualité de chef des armées et d’un pays, La France, quatrième fabricant et vendeur d’armes de la Planète, je me devais d’aider à la signature de nombreux contrats de vente d’armement, élément clé de la renaissance de la croissance française. Sachez, Monsieur le Président, que cet engouement, cette passion pour les armes ne concernent pas uniquement nos grands industriels de l’armement. Plus de dix millions d’armes sont détenues frauduleusement (en prenant courageusement le risque de poursuites) par mes compatriotes. De plus, d’immenses quantités d’armes sont vendues, achetées, échangées, dans des « bourses » aux armes réparties, au nombre de trois cent cinquante, sur tout notre territoire. Ainsi mon projet de livraisons d’armes aux rebelles syriens, même si il ne semble pas faire l’unanimité aujourd’hui, me parait « légitime » bien qu’illégal au plan du droit international.

LE PRESIDENT : Accusé, votre plaidoyer sans états d’âme pour justifier votre action fait l’impasse sur le nombre impressionnant de vos bévues. Que ce soit au Mali ou en Syrie, toutes vos initiatives aboutissent à un dérisoire fiasco. Embourbé dans le bourbier Malien pour sauver un Traoré, chef d’État putschiste, petit roi intérimaire mis en place après le coup d’État du colonel Sanogo par ce dernier, vous voilà soutenant un putschiste au second degré, qui « limoge » 62 généraux maliens pour les remplacer par ses hommes de main et ainsi renforcer la « Brocante » que constitue l’armée malienne. (Le Monde 10 mars 2013). Cette bouffonnerie sinistre se complète par la déclaration d’un de vos officiers selon qui « ses hommes vont éradiquer les terroristes musulmans « à la pince à épiler ». Quand on apprend que, dans les villes de Gao et de Tombouctou, soi disant libérées, les djihadistes continuent leurs attentats meurtriers, on ne peut que constater votre incurie et celle de vos troupes ! (Le Monde 7 4 2013)

L’ACCUSE : Monsieur le Président, Je crois ne pas être le seul responsable de ce que vous appelez des bévues, même si j’en assume la responsabilité pleine et entière. Comme vous le savez, mon conseiller militaire et chef d’état major est le général Piga qui exerçait les mêmes fonctions auprès de mon prédécesseur à l’Elysée. Je suis ses directives, qui, je le reconnais, ne sont pas toujours adaptées à la situation. Il m’avait assuré que l’opération « Serval » serait achevée en mars 2013 et que je pourrais rapatrier nos militaires. En fait, j’ai du prolonger l’opération jusqu’en décembre 2013 et à cette date je laisserai sur place encore mille hommes.

LE PRESIDENT : Monsieur Hollande, vos explications témoignent d’un fait incontestable : vous n’êtes pas un « chef de guerre », comme vous le prétendez. On pourrait ajouter que vous n’êtes pas même un chef d’État. Vos discours sur la rapidité et l’efficacité de vos décisions, comme votre formule « Un État fort est un État rapide » prêtent à sourire. Plus grave et témoignant de votre indifférence à toute idée morale et à la survie de vos concitoyens sont vos propos à la sortie du siège des institutions juives de France. Après avoir, sous prétexte de « liberté de Culte » et de lutte contre l’anti sémitisme, fait un trait sur la laïcité républicaine en vous prosternant devant une assemblée religieuse présidée par un « Grand Rabin plagiaire et faussaire », vous avez cru bon, en quittant les lieux et à propos des 15 otages français détenus en Afrique, de déclarer : « Un peuple fort ne négocie pas avec des preneurs d’otages ». Plutôt, là encore, que d’assumer vos propres décisions, il vous faut impliquer le peuple. Le lendemain de cette déclaration, l’otage Philippe Verdon était exécuté par ses ravisseurs.

L’ACCUSE : Monsieur le Président, Je reconnais avoir eu tort d’évoquer la question des otages et les hypothèses d’action. Rançons, négociations, libération de terroristes emprisonnés, tout ceci aurait du rester secret. Mais je ne sens pas coupable, pour autant, de l’exécution de Monsieur Verdon. Je crois préférable désormais, avec le processus de désengagement français, de laisser aux maliens le soin de régler, avec les pays africains limitrophes, le problème des otages, avec nos conseils éventuellement. C’est en partie pour cette raison, alors que le Mali est dirigé aujourd’hui par les putschistes Traoré et Sanogo, que je serai « intraitable » pour la tenue en juillet 2013 d’élections libres permettant la mise en place d’un gouvernement légitime ( Le Monde 30 3 2013).

LE PRESIDENT : Encore une fois, accusé Hollande, vous commettez une bourde magistrale. Il suffit de lire la presse pour savoir que la situation politique et administrative ne permet pas l’organisation d’élections fiables au Mali. Même les politiciens du pays le reconnaissent : « Pas d’argent, pas de structures aptes à préparer un scrutin, pas de listes d’électeurs potentiels, dissensions politiciennes sur ce sujet, séquelles des luttes fratricides pour le pouvoir, « bérets rouges du président chassé par votre ami Traoré contre bérets verts du putschiste Sanogo, autant de faits qui rendent dérisoire votre exigence, au surplus contraire à l’indépendance d’une nation, consistant à imposer des élections en juillet 2013.

L’ACCUSE : Il est vrai, Monsieur le Président, que je me sens pris au piège. Personne ne veut m’aider à faciliter mon départ du Mali. Ni les européens, ni les pays africains ne veulent prendre le relais. Même l’ONU renâcle. J’ai beau lui proposer un projet de résolution alambiqué pour cacher son coté non conforme aux principes de l’Organisation, elle traine les pieds. (Le Monde 30 mars 2013). Je suis d’autant plus mal à l’aise que les dix pays membres de la Communauté économique des États d’Afrique viennent, indirectement, de me désavouer ; ils ont refusé de reconnaître comme Président de la Centrafrique, le chef rebelle et putschiste Michel Djotodia qui provoqua le renversement du régime légal du Président François Bozizé. C’est une façon de ridiculiser mon intervention au Mali en faveur des deux putschistes Sanogo et Traoré. (Le Monde 5 4 2013).

LE PRESIDENT : Pourquoi, alors, si vous essayez de vous sortir du « piège » malien, vous êtes vous lancé dans la guerre syrienne, qui vous vaut par ailleurs un second chef d’accusation devant cette Cour ? Ètes vous à ce point inconscient pour jouer une deuxième fois les chefs de guerre avec votre complice conservateur anglais Cameron ? Vous deviez vous douter que, pas plus que pour le Mali, vos confrères européens refuseraient, même en y mettant la forme, de se lancer dans une guerre en fournissant des armes à une rébellion divisée, aux chefs qui démissionnent (Al Khatib) ou se déchirent pour le pouvoir islamiste et pour la bénédiction de la Ligue arabe, au point que ceux des rebelles opposés aux djihadistes, les « rebelles modérés » comme les appelle un de vos officiers, renoncent au combat.

L'ACCUSE : Monsieur le Président, j’ai renoncé provisoirement à cet envoi d’armes, n’ayant plus la certitude, comme je l’avais, que les armes n’iraient qu’aux « rebelles modérés » et non aux terroristes islamistes porteurs de la Charia. Je sais que les armes touchent aussi les civils (Le Monde des 23 et 30 mars : Carnage à Damas, Attentat faisant 42 morts et 84 blessés), mais, comme j’ai déjà eu l’occasion de le souligner, la bataille pour une juste cause justifie les « dommages collatéraux ». Ces dommages seront bientôt réduits si 50 pays ratifient le traité adopté par l’ONU sur le commerce des armes : « il sera interdit de vendre des armes risquant d’être utilisées pour commettre des « violations graves » des droits de l’homme ou d’être détournées au profit de « terroristes » ou de criminels ». (Le Monde 4 avril 2013)

LE PRESIDENT : Accusé, votre indifférence aux massacres de civils en même temps que vos initiatives guerrières pourraient s’inscrire dans la catégorie des «violations graves » des droits de l’homme et d’aide indirecte aux « terroristes » selon le traité onusien. Vous voilà en train de courir un nouveau risque de poursuites lorsque le traité sera ratifié. Mais, pour le moment, la Cour considère comme circonstance aggravante les effets indirects de votre propagande guerrière : Le conflit syrien se propage dans l’est du Liban (Le Monde 2 avril 2013) par des affrontements entre chiites et sunnites. Plus grave encore, de nombreux jeunes tunisiens (et même des tunisiennes au nom du « djihad sexuel) se jettent dans la mêlée syrienne (Le Monde 1er avril). Toute cette partie du Moyen Orient est menacée de guerre civile de votre fait. Même si vous n’êtes pas seul à pousser au meurtre guerrier, lourde est votre responsabilité de chef d’État. Votre comportement a incité un professeur d’une école que vous connaissez (Sciences Po) à apporter son grain à votre moulin de mort. (Le Monde 3 avril). Si vous aviez écouté, plutôt que ce Filiu flatteur, un ministre brésilien (Le Monde 27 mars) vous sauriez qu’ « en Syrie, comme ailleurs, la protection des civils passe par la diplomatie » ; et non la guerre. En attendant la prochaine audience, la Cour vous assigne à résidence à votre domicile habituel. Fin de l’audience