lundi 22 avril 2013

3 GUERRE DU MALI, Troisième audience.

COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Séances du 30 Mars et 7 avril 2013
 Troisième Audience
 Sur le banc des accusés : Le président François Hollande, chef de l’ÉTAT français.

L'inculpé

Après avoir à nouveau invité l’inculpé à décliner ses nom, prénom et qualités, lui avoir fait jurer de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, le Président de la Cour s’adresse alors au prévenu en ces termes :

 LE PRESIDENT : A l’issue des deux premières séances de ce procès, et malgré la faiblesse de vos arguments de défense et le peu de rapport avec les faits précis qui vous ont conduit devant cette Cour, vous avez été laissé en liberté provisoire. Cette clémence de la Cour avait deux raisons. La première, je vous le rappelle, liée à l’Histoire de notre Pays, est le modèle auquel vous avez cru bon de vous soumettre, celui des chefs d’État qui, méprisant ou étouffant les idées et les valeurs de ce que l’on a appelé la période des Lumières débouchant sur la Révolution de 1789, se sont comportés en autocrates arrogants ou en assassins. Votre « normalité » ne pouvait que vous rendre difficile le choix d’un autre modèle. Lourd handicap, en effet, que cette absence de particularité, de personnalité, de spécificité ! Un simple quidam, élu roi « à la ramasse » aura bien du mal à dissimuler son indigence. L’autre raison, comme je vous l’ai déjà dit, de la clémence de la Cour est la haine de la « démocratie » qui vous a été inculqué à l’École des Sciences politiques. Il est peu vraisemblable que vous ayez connu ou retenu l’histoire de votre école. Son fondateur, en 1871, justifiait l’autocratie oligarchique élitiste de l’école, la rendant seule apte à gouverner. « Il faut que, derrière l’enceinte croulante de leurs prérogatives et de la tradition, le flot de la démocratie se heurte à un second rempart fait de mérites éclatants et utiles, de supériorités dont le prestige s’impose, de capacités dont on ne puisse pas se priver sans folie. » Voyons maintenant, depuis la dernière audience quels « remparts » vous avez, en ce domaine et plus spécialement sur les chefs d’accusation qui vous ont conduit devant cette Cour, voulu renforcer ou abattre ? 

L’INCULPE : Monsieur le Président, je continue à penser que ce « rempart est indispensable pour freiner les ardeurs populaires. Mais pour éviter de le renforcer, en ces périodes de crise, moi, que vous appelez l’homme sans qualité, ai mis en place quelques outils facilitant la baisse sensible de la qualité de la réflexion et par voie de conséquence celle de l’action contestatrice de la plèbe. L’un de ces outils est la publicité et la communication « spectacle ». Distraire et mentir plaisamment par l’image, impressionner par un jargon pour initiés, telles sont les vertus assoupissantes. A ce titre, j’ai fait nommer le secrétaire général de la chaine privée publicitaire, « Canal Plus », à la tête de mon école « Sciences Po ». J’ai recommandé à mon premier ministre de faire diriger sa communication par un publicitaire, ancien bras droit du patron de Publicis, la plus importante agence de ce secteur. Enfin, j’ai invité le responsable d’une chaine de télévision publique, FR3, à utiliser la célèbre formule publicitaire « Profitez de votre temps de cerveau disponible » pour son journal d’information du soir. Je l’ai invité, pour qu’il rappelle à ses téléspectateurs que j’étais d’origine « socialiste », à intituler son journal : « Le Grand Soir ». Il se trouve que le premier épisode de ce « Grand Soir » était centré sur la dépénalisation du « Racolage Passif ». Je ne risquais donc rien.

LE PRESIDENT : Monsieur Hollande, Ne pensez vous pas que ce dont vous vous glorifiez n’est que mépris à l’égard de votre propre peuple et que cette sorte d’attentat publicitaire contre les cerveaux s’inscrit en droite ligne dans la façon dont vous et vos soldats traitent le peuple malien. Je vous rappelle que vous êtes ici, devant cette Cour Internationale, pour avoir déclenché une guerre en Afrique sans l’autorisation explicite des instances internationales, et l’avoir poursuivi. Je vous avais invité, lors de la précédente audience, à ne pas imiter ces « illuminés » dont parle le premier ministre malien pour désigner les terroristes religieux que vous tentez de chasser. Je constate qu’au contraire, votre folie de « chef de guerre » vous a conduit à accumuler, depuis la dernière audience, une série d’initiatives justifiant, selon le procureur général de cette Cour, de nouveaux chefs d’accusation. Ainsi en est il de l’ouverture d’un nouveau front en Syrie, au moyen de livraisons d’armes aux rebelles anti gouvernementaux, et ce, sans que, une nouvelle fois, votre pays soit chargé officiellement par l’ONU d’une telle mission.

L’INCULPE : Monsieur le Président, depuis deux ans il y a eu deux cent mille morts en Syrie et autant de réfugiés. J’a donc pensé, avec mon ami conservateur anglais, David Cameron, qu’il était temps de mettre fin aux massacres et de chasser le Président Assad du pouvoir. En outre, en ma qualité de chef des armées et d’un pays, La France, quatrième fabricant et vendeur d’armes de la Planète, je me devais d’aider à la signature de nombreux contrats de vente d’armement, élément clé de la renaissance de la croissance française. Sachez, Monsieur le Président, que cet engouement, cette passion pour les armes ne concernent pas uniquement nos grands industriels de l’armement. Plus de dix millions d’armes sont détenues frauduleusement (en prenant courageusement le risque de poursuites) par mes compatriotes. De plus, d’immenses quantités d’armes sont vendues, achetées, échangées, dans des « bourses » aux armes réparties, au nombre de trois cent cinquante, sur tout notre territoire. Ainsi mon projet de livraisons d’armes aux rebelles syriens, même si il ne semble pas faire l’unanimité aujourd’hui, me parait « légitime » bien qu’illégal au plan du droit international.

LE PRESIDENT : Accusé, votre plaidoyer sans états d’âme pour justifier votre action fait l’impasse sur le nombre impressionnant de vos bévues. Que ce soit au Mali ou en Syrie, toutes vos initiatives aboutissent à un dérisoire fiasco. Embourbé dans le bourbier Malien pour sauver un Traoré, chef d’État putschiste, petit roi intérimaire mis en place après le coup d’État du colonel Sanogo par ce dernier, vous voilà soutenant un putschiste au second degré, qui « limoge » 62 généraux maliens pour les remplacer par ses hommes de main et ainsi renforcer la « Brocante » que constitue l’armée malienne. (Le Monde 10 mars 2013). Cette bouffonnerie sinistre se complète par la déclaration d’un de vos officiers selon qui « ses hommes vont éradiquer les terroristes musulmans « à la pince à épiler ». Quand on apprend que, dans les villes de Gao et de Tombouctou, soi disant libérées, les djihadistes continuent leurs attentats meurtriers, on ne peut que constater votre incurie et celle de vos troupes ! (Le Monde 7 4 2013)

L’ACCUSE : Monsieur le Président, Je crois ne pas être le seul responsable de ce que vous appelez des bévues, même si j’en assume la responsabilité pleine et entière. Comme vous le savez, mon conseiller militaire et chef d’état major est le général Piga qui exerçait les mêmes fonctions auprès de mon prédécesseur à l’Elysée. Je suis ses directives, qui, je le reconnais, ne sont pas toujours adaptées à la situation. Il m’avait assuré que l’opération « Serval » serait achevée en mars 2013 et que je pourrais rapatrier nos militaires. En fait, j’ai du prolonger l’opération jusqu’en décembre 2013 et à cette date je laisserai sur place encore mille hommes.

LE PRESIDENT : Monsieur Hollande, vos explications témoignent d’un fait incontestable : vous n’êtes pas un « chef de guerre », comme vous le prétendez. On pourrait ajouter que vous n’êtes pas même un chef d’État. Vos discours sur la rapidité et l’efficacité de vos décisions, comme votre formule « Un État fort est un État rapide » prêtent à sourire. Plus grave et témoignant de votre indifférence à toute idée morale et à la survie de vos concitoyens sont vos propos à la sortie du siège des institutions juives de France. Après avoir, sous prétexte de « liberté de Culte » et de lutte contre l’anti sémitisme, fait un trait sur la laïcité républicaine en vous prosternant devant une assemblée religieuse présidée par un « Grand Rabin plagiaire et faussaire », vous avez cru bon, en quittant les lieux et à propos des 15 otages français détenus en Afrique, de déclarer : « Un peuple fort ne négocie pas avec des preneurs d’otages ». Plutôt, là encore, que d’assumer vos propres décisions, il vous faut impliquer le peuple. Le lendemain de cette déclaration, l’otage Philippe Verdon était exécuté par ses ravisseurs.

L’ACCUSE : Monsieur le Président, Je reconnais avoir eu tort d’évoquer la question des otages et les hypothèses d’action. Rançons, négociations, libération de terroristes emprisonnés, tout ceci aurait du rester secret. Mais je ne sens pas coupable, pour autant, de l’exécution de Monsieur Verdon. Je crois préférable désormais, avec le processus de désengagement français, de laisser aux maliens le soin de régler, avec les pays africains limitrophes, le problème des otages, avec nos conseils éventuellement. C’est en partie pour cette raison, alors que le Mali est dirigé aujourd’hui par les putschistes Traoré et Sanogo, que je serai « intraitable » pour la tenue en juillet 2013 d’élections libres permettant la mise en place d’un gouvernement légitime ( Le Monde 30 3 2013).

LE PRESIDENT : Encore une fois, accusé Hollande, vous commettez une bourde magistrale. Il suffit de lire la presse pour savoir que la situation politique et administrative ne permet pas l’organisation d’élections fiables au Mali. Même les politiciens du pays le reconnaissent : « Pas d’argent, pas de structures aptes à préparer un scrutin, pas de listes d’électeurs potentiels, dissensions politiciennes sur ce sujet, séquelles des luttes fratricides pour le pouvoir, « bérets rouges du président chassé par votre ami Traoré contre bérets verts du putschiste Sanogo, autant de faits qui rendent dérisoire votre exigence, au surplus contraire à l’indépendance d’une nation, consistant à imposer des élections en juillet 2013.

L’ACCUSE : Il est vrai, Monsieur le Président, que je me sens pris au piège. Personne ne veut m’aider à faciliter mon départ du Mali. Ni les européens, ni les pays africains ne veulent prendre le relais. Même l’ONU renâcle. J’ai beau lui proposer un projet de résolution alambiqué pour cacher son coté non conforme aux principes de l’Organisation, elle traine les pieds. (Le Monde 30 mars 2013). Je suis d’autant plus mal à l’aise que les dix pays membres de la Communauté économique des États d’Afrique viennent, indirectement, de me désavouer ; ils ont refusé de reconnaître comme Président de la Centrafrique, le chef rebelle et putschiste Michel Djotodia qui provoqua le renversement du régime légal du Président François Bozizé. C’est une façon de ridiculiser mon intervention au Mali en faveur des deux putschistes Sanogo et Traoré. (Le Monde 5 4 2013).

LE PRESIDENT : Pourquoi, alors, si vous essayez de vous sortir du « piège » malien, vous êtes vous lancé dans la guerre syrienne, qui vous vaut par ailleurs un second chef d’accusation devant cette Cour ? Ètes vous à ce point inconscient pour jouer une deuxième fois les chefs de guerre avec votre complice conservateur anglais Cameron ? Vous deviez vous douter que, pas plus que pour le Mali, vos confrères européens refuseraient, même en y mettant la forme, de se lancer dans une guerre en fournissant des armes à une rébellion divisée, aux chefs qui démissionnent (Al Khatib) ou se déchirent pour le pouvoir islamiste et pour la bénédiction de la Ligue arabe, au point que ceux des rebelles opposés aux djihadistes, les « rebelles modérés » comme les appelle un de vos officiers, renoncent au combat.

L'ACCUSE : Monsieur le Président, j’ai renoncé provisoirement à cet envoi d’armes, n’ayant plus la certitude, comme je l’avais, que les armes n’iraient qu’aux « rebelles modérés » et non aux terroristes islamistes porteurs de la Charia. Je sais que les armes touchent aussi les civils (Le Monde des 23 et 30 mars : Carnage à Damas, Attentat faisant 42 morts et 84 blessés), mais, comme j’ai déjà eu l’occasion de le souligner, la bataille pour une juste cause justifie les « dommages collatéraux ». Ces dommages seront bientôt réduits si 50 pays ratifient le traité adopté par l’ONU sur le commerce des armes : « il sera interdit de vendre des armes risquant d’être utilisées pour commettre des « violations graves » des droits de l’homme ou d’être détournées au profit de « terroristes » ou de criminels ». (Le Monde 4 avril 2013)

LE PRESIDENT : Accusé, votre indifférence aux massacres de civils en même temps que vos initiatives guerrières pourraient s’inscrire dans la catégorie des «violations graves » des droits de l’homme et d’aide indirecte aux « terroristes » selon le traité onusien. Vous voilà en train de courir un nouveau risque de poursuites lorsque le traité sera ratifié. Mais, pour le moment, la Cour considère comme circonstance aggravante les effets indirects de votre propagande guerrière : Le conflit syrien se propage dans l’est du Liban (Le Monde 2 avril 2013) par des affrontements entre chiites et sunnites. Plus grave encore, de nombreux jeunes tunisiens (et même des tunisiennes au nom du « djihad sexuel) se jettent dans la mêlée syrienne (Le Monde 1er avril). Toute cette partie du Moyen Orient est menacée de guerre civile de votre fait. Même si vous n’êtes pas seul à pousser au meurtre guerrier, lourde est votre responsabilité de chef d’État. Votre comportement a incité un professeur d’une école que vous connaissez (Sciences Po) à apporter son grain à votre moulin de mort. (Le Monde 3 avril). Si vous aviez écouté, plutôt que ce Filiu flatteur, un ministre brésilien (Le Monde 27 mars) vous sauriez qu’ « en Syrie, comme ailleurs, la protection des civils passe par la diplomatie » ; et non la guerre. En attendant la prochaine audience, la Cour vous assigne à résidence à votre domicile habituel. Fin de l’audience

mardi 5 mars 2013

2 GUERRE DU MALI : ACCUSÉ HOLLANDE LEVEZ-VOUS !


COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Deuxième Séance du 28 février 2013 

Sur le banc des accusés :

L'INCULPÉ


Le président François Hollande, chef de l’ÉTAT français

SECONDE AUDIENCE : (voir la 1ère séance )

Après avoir à nouveau invité l’inculpé à décliner ses nom, prénom et qualités, lui avoir fait jurer de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, le Président de la Cour s’adresse alors au prévenu en ces  termes :

Le Président : - A l’issue de la première séance de ce procès, et malgré la faiblesse de vos arguments de défense et le peu de rapport avec les faits précis qui vous ont conduit devant cette Cour, vous avez été laissé en liberté provisoire. Cette clémence de la Cour avait deux raisons. La première, liée à l’Histoire de notre Pays, est le modèle auquel vous avez cru bon de vous soumettre, celui des chefs d’État qui, méprisant ou étouffant les idées et  les valeurs de ce que l’on a appelé la période des Lumières débouchant sur la Révolution de 1789, se sont comportés en autocrates arrogants ou en assassins. Pire, ils se sont servis de ces valeurs de générosité et de justice pour mieux asservir. Tels les Bonaparte, grand ou petit, les Thiers assassin du peuple des fédérés de la Commune de Paris, en 1871, Poincaré – la Guerre, en 1914, sans compter les militaires, Pétain ou De Gaulle, à l’affut des démissions ou des soumissions des « élus du peuple ». L’autre raison de la clémence de la Cour est la haine de la « démocratie » qui vous a été inculqué à l’École des Sciences politiques. Le fondateur, en 1871, de l’École, justifiait l’autocratie oligarchique élitiste et seule apte à gouverner. « Il faut que, derrière l’enceinte croulante de leurs prérogatives et de la tradition, le flot de la démocratie se heurte à un second rempart fait de mérites éclatants et utiles, de supériorités dont le prestige s’impose, de capacités dont on ne puisse pas se priver sans folie. »

Ceci étant dit, accusé Hollande, qu’avez-vous entrepris, depuis la dernière audience, pour éventuellement réduire la portée des accusations formulées à votre encontre par  le procureur général de cette Cour, d’avoir, en votre qualité de chef de l’État français, commandité l’invasion d’un pays étranger, le Mali, sans la décision explicite du Conseil de sécurité des Nations Unies ?

L’inculpé : - « Monsieur le Président, malgré ma volonté soutenue par mes conseillers, d’en finir au plus vite avec une intervention destinée à protéger l’État malien, les difficultés s’accumulent. Nous sommes dans une guerre « asymétrique ». Notre adversaire, terroriste, dispose d’un contingent et d’un terrain d’affrontement non conformes. Il s’agit plus d’une guérilla sans un face à face égalitaire de deux armées. Cela risque de durer. 

Le Président : - Le constat que vous faites aujourd’hui, d’une guerre « asymétrique » aurait pu être fait avant même le début de votre intervention. L’exemple de l’Afghanistan ou de l’Irak aurait pu éclairer votre chef d’État major, le célèbre et sarkozyste général Piga. Quelques heures, seulement après la « victoire » des troupes franco maliennes et la reprise de la ville de Gao aux « terroristes », ces derniers sont installés au centre ville, dans la résidence du gouverneur et tirent sur vos soldats…Vos stratèges en chambre auraient pu s’inspirer d’une analyse (Le Monde du 25 2 13) qui souligne : « …la stratégie de ces groupes est de disperser les forces de la coalition. D’abord il s’agit de les obliger à être sur plusieurs fronts à la fois. Mais on peut aussi redouter de voir des incursions se produire dans des pays voisins. J’ai bien peur qu’ils soient présents dans de très nombreux endroits » Accusé Hollande, allez-vous envoyer vos soldats dans toute l’Afrique de l’Ouest ?

L’Inculpé : - Je ne sais, Monsieur le Président, mais si mes homologues et amis chefs d’État africains me le demandent, il me faudra bien aller les  secourir. Comme je vous l’ai dit, Monsieur le Président, au cours de la précédente audience, lorsque je reçois cet appel à l’aide de mes homologues présidents, je me sens agressé moi même.

Le Président : - Accusé Hollande, comme je l’ai souligné au début de cette audience, la Cour a pensé que votre remise en liberté conditionnelle vous inciterait à réfléchir sur le rôle et les responsabilités morales d’un individu qui s’est emparé, pacifiquement ou militairement d’un pouvoir de chef d’État. Doit il se draper dans sa tunique d’autocrate, devenir le fétiche de sa propre fonction, la sacraliser au point d’étouffer sa propre raison d’homme sous le sinistre mausolée de la « raison d’État » ? Ces homologues que vous défendez s’appuient sur la misère intellectuelle, économique et sociale pour accroitre leur influence et leurs richesses. L’analphabète pauvre malade et résigné (Islam) est le garant de leur pouvoir.

L’Inculpé : - Monsieur le Président, j’essaie de provoquer au dialogue entre les parties en conflit, comme l’a demandé l’ONU, mais cela n’est pas aisé. Ainsi, le premier ministre du Mali, D. Cissoko,  nommé en décembre 2012 par les militaires qui venaient de chasser son prédécesseur Modibo Diarra, se refuse à toute idée d’une solution fédérale avec les opposants Touaregs du nord du Mali. Et en réponse à une question sur les crimes commis par l’Armée malienne sur les populations civiles du Nord du Pays, il répond : « … dans toute armée il y a des gens peu recommandables, mais il ne faut pas en conclure que l’armée est mauvaise. Il faut faire confiance aux autorités chargées de sanctionner les manquements à la discipline. » Je suis un peu désemparé.

Le Président : - Effectivement, accusé, vous semblez patauger dans un bourbier sans être capable de savoir comment en sortir. Et quand un de vos acolytes s’écrie « La traque au terroristes commence, nous allons les chercher à la pince à épiler », on peut se demander si vous êtes conscient de la gravité de la situation. Votre délire militariste contre ceux que le premier ministre du Mali appelle « les Illuminés » provoque  la recrudescence des attentats suicides et  des prises d’otages. La triste aventure de ces 7 otages enlevés au Cameroun et dont un de vos ministres vient annoncer triomphalement la libération devant le Parlement, avant de se rétracter quelque temps après, est significative. Serez vous sourd à l’appel des parents d’otages, inquiets pour la vie des leurs, et qui vous demandent d’arrêter cette guerre ?  Continuerez vous à laisser votre armée et ses acolytes prendre en otage des villages maliens sous le prétexte que les habitants ont « collaboré » avec les « illuminés » ? Vous aurez à répondre devant les juridictions appropriées des conséquences tragiques de votre intervention au Mali sur d’innocentes victimes prises en otage.

L’Inculpé : - Monsieur le Président, je dois vous dire que j’ai fait de vives remontrances à mon Ministre pour sa précipitation. Mais avouez que, si la nouvelle avait été vraie, quelle joie cela aurait provoqué !  Il est vrai aussi que ceux que l’on désigne comme « terroristes, djihadistes, illuminés » nous accusent de lancer contre eux une véritable croisade. Mais ce n’est pas juste. Dès que nous aurons extirpé de leur refuge chaque groupe d’Illuminés, nous mettrons fin à l’opération « Serval ». Quant aux risques, pour les Européens, d’être pris en otage, il ne faut rien exagérer. D ‘ailleurs, mon homologue du Cameroun s’est montré rassurant et a invité les Européens à faire comme si de rien n’était.
Le Président :  Accusé, vous semblez prendre un peu trop à la légère une situation critique. Vous devriez savoir que ceux qui sacralisent un Dieu, une Patrie, une Fonction sont prêts à tout pour garder et étendre leur pouvoir quitte à pousser au crime. Le groupe preneur d’otages au Cameroun justifie son action par « les transgressions et les atrocités commises contre la religion d’Allah par les pays européens… ». Alors il ne s’agit pas de tranquilliser l’opinion en obligeant les télévisions à dissimuler le visage des otages, d’exiger du CSA qu’il censure les images de guerre au Mali, au nom de « la dignités des personnes ». Montrer l’atrocité de la guerre est au contraire une « dénonciation d’actes commis contre la dignité des personnes ». Alors, accusé Hollande, si la Cour décide de prolonger votre liberté conditionnelle, tentez d’imaginer comment sortir du bourbier dans lequel vous avez entrainé votre Pays.

Pour ce faire, méditez cette information : (Le Monde 23 02 2013) En  Syrie, un groupe djihadiste opposé au Président Assad a décapité la statue du grand philosophe et poète syrien de l’époque Abasside Abou Ala al Maari, (973 – 1057). Il s’est fait connaître pour son humanisme et son pessimisme philosophique, remettant en cause les dogmes religieux. Dans son ouvrage « Risalat al ghufran », considéré par certains comme ayant inspiré « La Divine Comédie », le poète visite le paradis où il rencontre des écrivains païens. Il a écrit ces vers : « Deux sortes de gens sur la Terre : Ceux qui ont la raison sans religion et Ceux qui ont la religion et qui manquent de raison. » Essayez de devenir cet homme « normal » qui jusqu’à présent vous a servi d’étiquette,  débarrassez-vous des guenilles de la « religion de la Raison d’État ». Ne rejoignez pas le groupe des « Illuminés », ceux pour qui, disait un ancien combattant du Liban, leur arme tient lieu et place de la raison.

Fin de la seconde audience.










jeudi 21 février 2013

SCIENCES PO : LES MALVERSATIONS D'UN PRÉSIDENT


SCIENCES  PO : LES « INDIGNÉS » du « HAUT DU PAVÉ »
En ces temps de tempête sociale et de protestations contre la misère et ses agents, on aurait pu imaginer que les problèmes posés aujourd’hui par le vivier des gouvernants de la République soulèvent des « indignations » de fond. Il n’en est, malheureusement, rien. Ce sont les affirmations de la Cour des Comptes, mettant directement ou indirectement en cause le président gestionnaire de l’Institution, Jean Claude Casanova, qui ont suscité l’indignation et la colère  d’un groupe  de notables de toutes obédiences, figurant parmi les tenants du « haut du pavé » de l’intelligentsia de l’hexagone… et d’autres sphères. (1)

« La Calomnie, Monsieur… »

On peut lire dans « Le Monde » du 16 décembre 2013 :  « Jean Claude Casanova, président de la Fondation Nationale des Sciences politiques, est très injustement traité par les médias. Nous avons voulu lui manifester notre soutien et notre estime.  Nous sommes choqués de la manière dont plusieurs médias ont parlé de Jean Claude Casanova à l’occasion de la crise de  Sciences Po. Nous sommes témoins de la passion de Jean Claude Casanova pour le Bien Public, de son intégrité personnelle, de son désintéressement. La revue « Commentaires », qu’il dirige depuis 1982, dans un esprit de vérité et d’impartialité, est reconnue internationalement comme l’une des plus sérieuses revues européennes. Nous ne pouvons admettre, sans en être blessés et indignés, qu’on fasse courir sur cet homme éminent des insinuations insultantes. »

Ce texte a été signé  par trente sept « indignés ». Parmi eux, d’anciens ministres, des professeurs, des écrivains, des journalistes, des chroniqueurs radiophoniques. Aucune de ces « insinuations insultantes » n’est citée. Aucun fait, aucune parole repris par les medias ne sont simplement évoqués. Le rapport de la Cour des Comptes, qui est sur la place publique depuis des mois leur est inconnu. Comment expliquer une telle paralysie intellectuelle ? Comment interpréter un tel cri de douleur accompagné d’un certificat de bonne conduite ?

CASANOVA dessin de Fellini
à ne pas confondre avec le faux...
EN MAJESTÉ  
                                                                                                      Peut-être cela révèle un désir de ne pas voir entachée la majesté du personnage. Un petit comptable, qu’il appartienne ou  non à une Cour (des comptes) ne saurait s’en prendre à un éminent homme de Cour. Nos nouveaux ou anciens présidents rois l’ont adoubé sans réserves.  En 2007, Sarkozy le nomme membre du Comité de réflexion sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions. Il est nommé en juillet 2012 membre de la Commission sur la rénovation et la déontologie de la vie publique créée par François Hollande. Comment un personnage chargé par nos deux chefs d’État de participer à la « modernisation des institutions pour qu’elles retrouvent un équilibre, et à la rénovation morale de la vie publique pourrait t il être victime des plus honteuses insinuations ?


LE RAPPORT 
Les contrôleurs comptables n’insinuent rien. Ils constatent et interprètent. La logique et les règles comptables veulent qu’un président d’une Fondation, chargé de « gérer » une école (en l’espèce Sciences Po) ne puisse se dispenser d’assurer cette gestion. La sévérité du rapport de la Cour des comptes, qui va jusqu’à envisager des poursuites judiciaires et la saisine de sa propre Cour de discipline budgétaire et financière, n’est pas sans fondement. On peut y lire que les irrégularités font florès : « Primes exorbitantes, absence de contrôle, petits arrangements entre amis, gaspillage de ressources publiques »  (expressions tirées du rapport de la Cour des Comptes). Parmi ces « anomalies » : Des enseignants chercheurs assurant 30% de leur service et payés 100%. Un président, J C Casanova, doublant sa prime et à effet rétroactif. Un directeur fixant sa rémunération annuelle à plus de 530 000euros. Des prêts « spéculatifs et dangereux » contractés par l’IEP, sous la houlette du banquier, président de l’Institut d’études politiques,  Michel Pébereau.  Ce dernier vient d’annoncer sur Radio Classique, qu’il renonçait à demander le renouvellement de son mandat en mars 2013.

EN INTERNE : 

Les conseillers à la Cour des Comptes ne sont pas les seuls à critiquer l’action et le comportement des responsables de la gestion de l’École.
Le samedi 20 octobre 2012, une syndicaliste de sciences po et deux enseignants chercheurs publient un texte sous le titre : « Sciences Po doit en finir avec le fonctionnement clanique de sa direction » … ce qui fait problème dans le fonctionnement de Sciences Po : une pratique qui privilégie l’opacité, l’entre soi, et un certain mépris pour les personnels qui font vivre l’Institution… la ligne de défense : un mélange de mépris pour les questions posées en interne et d’attitude outrée devant des critiques émanant de forces extérieures… étouffement de tout débat, procédures verrouillées…
Le 27 novembre 2012, une assemblée de personnels de Sciences Po (en fait une centaine de personnes sur plus de 1000 salariés) votant à main levée ont demandé « au président du conseil d'administration (Jean-Claude Casanova) et au président du conseil de direction (Michel Pébereau) de présenter leur démission ». Sans succès bien entendu.
Le jeudi 29 novembre 2012 Nicolas Jounin, enseignant chercheur en sociologie (Université Paris 8 St Denis) écrit : « Il est temps d’en finir avec Sciences Po.  L’État n’a pas à financer l’entre soi élitiste.  On ne dit pas ce qu’on a fait à Sciences Po mais plutôt j’ai fait Sciences Po. L’établissement n’est pas l’outil d’un apprentissage mais une fin en soi. Rituel d’intronisation et point de contact des futures élites… »
Dans « Le Monde » du 28 décembre, un article demande le départ de J C Casanova. Il est écrit par deux directeurs de recherche et un professeur d’université, tous trois exerçant leur activité à Sciences Po. Il s’agit de Caroline Postel-Vinay, de Olivier Borraz et de Claire Andrieu.
Le Mercredi 30 janvier 2013, cette déclaration : « J’ai mésestimé le fait que je n’appartiens pas à l’élite du pouvoir » :  Pierre Mathiot, directeur de l’IEP de Lille renonce à se présenter à la tête de l’institution parisienne… j’ai renoncé en regardant ce qui s’est passé depuis 8 mois et les rapports de force dans les collèges électoraux… je ne partage pas les valeurs et les certitudes de cette élite… à la question « que pensez vous du fait que certains professeurs et des organisations étudiantes réclament le départ des dirigeants ? » ,  il répond : ce qui guide la démarche des dirigeants actuels est de conserver le pouvoir. L’influence dans sciences po et à partir de sciences po, est au principe de l’existence sociale et professionnelle de ces dirigeants, sur le même plan que leur conviction absolue d’avoir toujours raison.
A cela s’ajoute, pour d’autres de ces dirigeants, l’intérêt objectif de conserver des positions qui assurent un très bon salaire, une visibilité dans l’espace social et des conditions de travail sans équivalent au sein de l’enseignement supérieur. On retrouve beaucoup d’arrogance, une vraie conscience de classe et, pour tout dire un très fort conservatisme…
… On doit se demander si une élite formée à l’abri des difficultés du monde et de la connaissance intime des différences, est la mieux armée pour affronter des situations inédites demandant des solutions innovantes …   Aux critiques de la Cour des comptes et des médias  les dirigeants de Sciences Po répondent par le mépris. Cela   … symbolise des réactions de repli, alors qu’on pourrait attendre que se développe une réflexion, et,  peut être une remise en question de certaines pratiques…
EN EXTERNE 
Quant aux IEP (Instituts d’études politiques) de province  et les Universités, ils sont ignorés et méprisés par Sciences Po Paris. Il est à craindre qu’on risque de ne retenir que les acrobaties de quelques notables destinées à "obésifier" leur portefeuille. Mais ce n'est qu'un à-côté, une espèce de dommage collatéral de la haute idée que les gestionnaires d'une telle institution se doivent d'avoir d'eux-mêmes. L’ « arrogance » relevée par un député après avoir entendu Jean-Claude Casanova et Michel Pébereau n'est pas un vice accessoire. Elle est la contrepartie nécessaire d'un projet d'établissement qui, depuis cent quarante ans, sape l'égalité des chances.

Sciences Po a créé des succursales en économie et en politique. Cela lui permet d’étendre son champ d’influence, même si leur utilité est contestable. Ainsi en est-il du CEVIPOL.  Là encore, pas question de demander leur avis à ceux habilités à participer au choix d’un directeur.   Au CEVIPOL  (centre de recherches politiques de Sciences Po), la politique « est un sport de combat ». Un nouveau directeur désigné par Jean Paul Casanova « pilote » d’un comité de cinq membres obtient un avis favorable du « Conseil » du CEVIPOL. Mais cet organisme est aussi sous la Tutelle du CNRS et pas seulement sous celle de Sciences Po. Le CNRS conteste la régularité de la procédure suivie. Motif : le candidat a été choisi par le comité « ad hoc » ( cinq membres) piloté par Casanova, au lieu d’être choisi par le Conseil du CEVIPOL dans son entier. Le CNRS précise : Ce sont des façons de faire totalement inhabituelles. Les gens de Sciences Po veulent faire leurs petits arrangements avec leurs comités « Ad Hoc »  (Le monde samedi 12 janvier 2013-02-11)
L’ÉTAT
Dès la parution du rapport de la Cour des Comptes l’État déclare placer l’Institution « sous tutelle ». On pouvait penser que cette « tutelle » exceptionnelle serait plus sévère que la tutelle habituelle à laquelle sont soumis tous les organismes dépendant de lui. Or la première mesure demandée aux responsables de Sciences Po fut simplement ignorée.
Le 3 septembre 2012 la ministre de l’enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, avait demandé aux deux présidents des instances délibératives, le FNSP qui gère l’IEP, Jean Paul Casanova pour le premier et Michel Pébereau pour le second, d’attendre le rapport définitif de la Cour des Comptes pour désigner un successeur au directeur décédé. Passant outre la demande de la ministre, Casanova et Pébereau désignèrent un directeur dans des conditions contestables. Au point qu’un des 24 candidats, Bruno Toussaint avocat au barreau de Paris,  projette d’attaquer la décision en justice. Il précise : la délibération de l’IEP (géré par le FNSP) apparait grossièrement illégale. Quand une procédure est décidée, elle doit respecter un certain nombre de principes, l’égalité des candidats et la transparence. Cela n’a pas été le cas.
Quant à l’État ses liens, pour ne pas dire sa connivence avec l’équipe au pouvoir à Sciences Po, apparaissent notamment dans son refus d’accepter le projet de la Cour des Comptes de revenir, pour le réformer, sur le statut de l’Institution. La ministre de l’enseignement supérieur est simplement invitée à adresser un courrier à Mrs Casanova et Pébereau en leur demandant de s’engager par écrit à mettre en œuvre les recommandations de la Cour. Elle peut  douter de « l’engagement » des deux patrons de Sciences Po.
Il est vrai que, déjà sous Sarkozy, le ministre de l’enseignement supérieur était habitué à obéir aux ordres de l’Élysée. C’est le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant qui, après avoir accepté les demandes budgétaires du directeur de Sciences Po, écrivait à son ministre de l’enseignement supérieur : « je vous propose d’accorder à l’IEP de Paris les subventions qui sont demandées par son directeur : 2009 : 59 millions, 2010 :63 millions, 2011 : 66millions, 2012 : 68 millions. »
L’État a nommé comme administrateur provisoire de Sciences Po un conseiller d’État, Jean Gaeremynck, issu de l’ÉNA promotion Voltaire, celle de l’actuel président de la République.  Il semble que sa mission soit de courte durée, sauf à contrôler le nouveau directeur. On peut lire en effet, le 17 février, qu’un nouveau processus de désignation d’un directeur a été lancé. Sur 32 candidats, un comité de recherche doit en auditionner six avant de prendre sa décision. Le choix est déja fait. Inutile, pour le sommet de l’État de s’embârasser de procédures futiles qu’il a mis en place. Un nouveau venu s’est découvert, le31 janvier 2013 une vocation de directeur de Sciences Po. Hollande l’a sorti de son chapeau.  Le favori de l’Élysée serait Jean Pisani Ferry. Inutile d’attendre la décision du fameux comité de recherche, qui devait choisir parmi les 6 candidats retenuus.. Sur Wikipédia on peut lire : « Pisani Ferry s'est présenté le 31 janvier 2013 comme candidat à la direction de Sciences Po Paris à laquelle il sera nommé courant mars 2013 par un système de cooptation organisé par le gouvernement »
Jean Claude CASANOVA 
Né à Ajaccio en 1930, sa panoplie professionnelle est impressionnante. Sciences Po, l’ENA, la faculté de Nanterre, l’École supérieure du Pétrole, les cabinets des ministres Jeanneney, Fontanet, Barre, Presses universitaires, Jury littéraires, Institut français de relations internationales, Fondation Saint Simon, Conseil économique et social,  institut d’études démographiques, Académie des sciences morales et politiques, Réforme des collectivités locales, Cinéma Corse, jury BNF, Fondation Écologie d’avenir … etc 
Les « 37 indignés du haut du pavé cités qui soutiennent JC Casanova et ses amitiés d’Etat » ont vu dans la revue « Commentaires » créée et dirigée par Casanova, dans un « souci de vérité et d’impartialité », l’expression d’une pensée originale, « forte et reconnue internationalement ».
Voilà les propos de Casanova sur sa revue : Le plus important dans la décision de créer Commentaire, c’est d’abord  le fait qu’Aron avait quitté le Figaro à ce moment là, et qu’en 1977-78, le parti communiste, à cause de l’alliance offerte par Mitterrand, redevenait menaçant et influent grâce au programme commun qu’il inspirait largement…  Donc Aron, et nous tous, nous vivons une période d’inquiétude, de souci politique »…
Quel courage, quelle ouverture d’esprit pour celui qui allait diriger une Institution pédagogique dont la mission est d’instruire, d’ouvrir le champ des possibles, plutôt que de s’enfermer dans un conservatisme au service des intérêts des classes dominantes !
Le fondateur de Sciences Po, Émile Boutmy, n’écrivait-il pas, après la Commune de Paris de 1871 :  « Contraintes de subir le droit du plus nombreux, les classes qui se nomment elles-mêmes les classes élevées ne peuvent conserver leur hégémonie politique qu’en invoquant le droit du plus capable. Il faut que, derrière l’enceinte croulante de leurs prérogatives et de la tradition, le flot de la démocratie se heurte à un second rempart fait de mérites éclatants et utiles, de supériorités dont le prestige s’impose, de capacités dont on ne puisse pas se priver sans folie. »
La crainte de la démocratie, c’est à dire, pour Boutmy et ses successeurs, la peur de voir les classes populaires capables de s’auto organiser sans se soumettre à une oligarchie conservatrice, conduit à bâtir un mur, un rempart  protecteur, une école « bunker » réservée aux élites. La « démocratie » les terrorise au point d’oublier le rôle universel, sans exclusive, de toute institution pédagogique et républicaine. La République est leur « affaire ». Que les dominés prennent conscience de leur infériorité congénitale ! Le premier des 37« indignés », Badinter par sa femme, est milliardaire grâce au décervelage publicitaire. Le géographe anarchiste Élysée Reclus, en 1900, parlait de « l’ignoble réclame ». Mais faire fortune dans « l’Ignoble » n’a jamais été un sujet d’études pour des spécialistes de la Science Économique, spécialité scientifique de Casanova et Pisani.
ET NOS INDIGNÉS ?
Ce rappel des aventures de Casanova et ses comparses leur fera-t-il revenir sur l’aspect déplacé sinon dérisoire de leur indignation ? Leur déférence à l’égard de leur majestueux héros ne plaide pas en ce sens.  Passion pour le Bien Public, Intégrité personnelle, Désintéressement, Esprit de vérité et d’impartialité, Reconnaissance par deux Présidents de la République.  Comment peut-on commettre un sacrilège aussi vulgaire en lançant des « insinuations insultantes » ? Et puis, il ne faut pas oublier sa passion pour les grandes figures de notre histoire. Les deux Napoléon en font partie. Membre de la Fondation Napoléon et du Souvenir Napoléon, il côtoie ou a côtoyé d’éminentes personnalités comme le Baron Gourgaud ancien président, M Victor André Masséna, Prince d’Essling, le Comte Nicolas Walewski. Enfin il participe à l’opération Ste Hélène qui consiste en une souscription internationale pour sauver la Maison de Napoléon à Ste Hélène.
Peuple digne et généreux, vous qui tenez le « Bas du Pavé », vous n’allez pas contester ce noble souci aristocratique pour garder un toit décent à celui qui fut notre pauvre et impérial exilé.

AZ Paris le 17 février 2013

1) Les indignés du haut du pavé, avec quelques portraits d'eux...             


Robert Badinter, Jean Baechler, François Bayrou, Pierre Bergé (actionnaire à titre privé du groupe Le Monde), Alain Besançon, Marcel Boiteux, Raymond Boudon, Rémi Brague, Jean-Denis Bredin, Monique Canto-sperber, Jean Clair, Yves Cuau,Jean Daniel, Bernard de Fallois, Alain Finkielkraut, Henri Froment-Meurice, Marc Fumaroli, Marcel Gauchet,    Patrice Gueniffey, Claude Habib,
            Ran Halévi, Pierre Hassner, Jacques Julliard, Milan Kundera, Jean-Pierre Le Goff, Emmanuel LeRoy Ladurie, Georges Liébert, Daniel Mahoney, Pierre Manent, Olivier Mongin,Pierre Nora, Mona Ozouf, Alain Pons, Philippe Raynaud, Pierre Rosanvallon,Dominique Schnapper, Paul Thibaud, Michel Zink.







samedi 2 février 2013

1 GUERRE DU MALI. HOLLANDE ACCUSÉ



CHRONIQUE HEBDO  « SUR LE BANC » des accusés François Hollande, chef de l'Etat français.
Procès imaginaire du chef de l'Etat.

COUR PÉNALE INTERNATIONALE :  Première séance du 31 Janvier 2013. (pour voir  la 2ème séance)

L'INCULPÉ


Après avoir invité l’inculpé à décliner ses nom, prénom et qualités, lui avoir fait jurer de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, le Président de la Cour s’adresse alors au prévenu en ces  termes :
- « François Hollande, vous êtes accusé par le procureur général de cette Cour, d’avoir, en votre qualité de chef de l’État français, commandité l’invasion d’un pays étranger, le Mali, sans la décision du Conseil de sécurité des Nations Unies vous chargeant explicitement d’une telle mission. Ce faisant, en agissant illégalement c’est-à-dire en ne respectant pas les dispositions du droit international que votre pays a pourtant signées, vous êtes mis en examen devant cette Cour et passible des peines prévues par la loi internationale. Vous avez la parole ».

L’inculpé : «  Certes, monsieur le Président, ma décision de porter la guerre au Mali était illégale, mais mes conseillers m’ont affirmé qu’elle était « légitime » puisqu’il s’agissait de sauver un chef d’État en difficulté dans son propre pays envahi par des « terroristes ». Pour prouver ma bonne foi, j’ai demandé au Président Traoré de m’envoyer une lettre réclamant mon aide. Ce qu’il a fait, en envoyant par la même occasion une missive identique au premier ministre anglais ».

Le Président : « Monsieur Hollande, en tentant de justifier l’illégalité de votre acte par la notion floue de « légitimité », vous semblez, tel l’État que vous dirigez,  « étranger au Droit ». Dans votre pays où plusieurs millions de vos compatriotes vivent en dessous du seuil de pauvreté - certains ne pouvant qu’à peine se nourrir - accepteriez-vous comme légitime l’acte illégal consistant à voler un pain dans une boulangerie ? ».

L’inculpé : « Un de mes homologues, chef d’État, étant agressé, je me suis senti agressé moi-même. Je me suis considéré comme en état de « légitime » défense. Et puis il me paraît indécent de comparer la situation d’un pauvre affamé avec celle de l’élite dirigeante d’un État. Rappelons-nous la juste et célèbre formule de La Fontaine : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de Cour vous feront blanc ou noir ». Plutôt que de « noircir » le tableau, il me semble que je mérite d’être « blanchi ».

Le Président :  « En admettant que vous sauviez la tête de votre « ami » Traoré mis en danger par vos « terroristes », on constatait en même temps que vous lanciez l’opération «  Serval », qu’à Bamako des manifestants réclament son départ. Ne croyez-vous pas que votre initiative soit une mauvaise solution quant au drame malien et ne fasse qu’amplifier les effets du mal ? Vos amis européens l’ont bien compris, qui traînent les pieds pour vous apporter l’aide promise. Quant aux USA, ils refusent dans un premier temps toute aide dans une opération consistant à rétablir sur le trône un chef d’État  issu d’un coup d’État (le 22 mars 2012) militaire et donc chef d’un « gouvernement putschiste ». Pour sa part, le Qatar, avec qui vos liens de toute sorte et fondés sur la finance,  désapprouve votre action au Mali. Il est vrai qu’il arme vos « terroristes ».

L’inculpé : « Mais, monsieur le Président, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Nous avons fait la leçon à nos troupes et aux troupes maliennes pour qu’elles se conduisent bien. Nous espérons être entendus.

Le Président :
Vos conseils sont restés lettre morte. Des organisations humanitaires s’inquiètent. On me dit que, les exactions par l’armée malienne se généralisent. Des milices progouvernementales, ont préparé des listes de « collaborateurs » à « punir ».   Ces milices - dans lesquelles se trouvent notamment des « Songhaï » et des « Peuls » - sont équipées par les militaires qui leur donnent pour consigne « Partez et ramenez la tête d’un Touareg ». La France, au nom de laquelle vous prétendez agir, ne pourra se laver les mains des abus commis par une armée malienne qu’elle porte à bout de bras. Significative du chaos que vous avez créé, cette réponse d’un officier malien à un journaliste qui a pris un cliché de cadavre à Sévaré : « Mais qu’est-ce que tu crois qu’on fait avec les suspects qu’on chope ? On les zigouille. »

L’inculpé : « Monsieur le Président, je dois vous dire toute la vérité. Si, officiellement, je suis le responsable de cette guerre, ce n’est pas moi qui ai décidé de la faire. En fait l’invasion du Mali par la France a été décidée par le général Benoit Piga, mon chef d’Etat-major. J’ai choisi ce général parce qu’il avait été aussi le chef d’Etat-major de mon prédécesseur Nicolas Sarkozy. Son expérience guerrière était impressionnante. A son actif, le déclenchement de la guerre en Lybie. Et il faut se demander, en toute modestie et comme le souligne un de mes amis : « Y a-t-il eu, à l’Élysée, quelqu’un ayant suffisamment de poids et d’autorité pour oser s’opposer aux demandes des militaires ? ». Je ne peux donc être désigné comme le seul responsable des défaillances de l’opération « Serval ».

Le Président : « Accusé, en avouant que vous n’avez pas pu résister à une mesure décidée par un subalterne, le général Piga, mesure qui ne pouvait conduire qu’à une violation du droit international et à une intervention armée illégale, vous contrevenez aux règles constitutionnelles définissant votre rôle de chef de l’État et des armées. Il s’agit donc d’un nouveau chef d’inculpation que notre Cour pénale internationale transfèrera à la juridiction compétente de votre pays. Quant aux éventuels crimes de guerre ou contre l’humanité, liés à votre invasion du Mali et que vous n’auriez pas pu empêcher, ils seront examinés par notre juridiction.

L’inculpé : « Malgré tous les efforts de notre armée, monsieur le Président, il sera difficile d’empêcher ces crimes. La vengeance, le règlement de comptes sont d’autant plus fréquents que la population du Mali vit depuis de longues années dans la misère économique, sanitaire, intellectuelle la plus noire. Les services publics de l’école et de la santé ont pratiquement disparus. L’élite politicienne, financière, multinationale privée, qu’elle soit néocoloniale ou autochtone, confisque à son profit toute la richesse du pays. Près de 65% de la population est analphabète. L’islam, modéré ou djihadiste, règne sur 80% des maliens.La religion si prégnante dans ces pays, annihile tout esprit critique. Autant d’éléments destructeurs de toute morale et favorisant la criminalité.

Le Président : « Raison de plus, monsieur Hollande pour ne pas contribuer à amplifier ce désordre moral par une invasion militaire. Vous savez certainement que “La qualité essentielle... du parfait soldat... c’est l’obéissance passive, l’abdication de toute individualité, le renoncement absolu à soi-même, la servilité abjecte et féroce du bouledogue...”, comme l’écrivait déjà en 1870 Auguste Blanqui. Et Pierre joseph Proudhon complétait : “Le type du machinisme est le soldat... De tout temps on a fait une âme factice au soldat comme au moine... C’est une bête qu’on monte, qu’on gruge, qu’on enivre à propos, comme on endort l’autre avec l’opium de la théologie et de la piété. Où est l’homme dans le soldat, où est-il dans le moine ?». Un ancien combattant de la longue guerre du Liban (1975-1990, entre 130 et 260 000 victimes civiles) répondait à un journaliste : « Dès que vous avez une arme entre les mains, elle remplace le cerveau ». Difficile, dans ces conditions, de penser qu’un déploiement de soldats, même si on les fait s’opposer à des « moines soldats » islamistes, vont ramener sur le pays une forme de sérénité et de paix morale. Vous ne savez pas, monsieur Hollande, que le dictateur syrien, Bachar el Assad approuve votre intervention contre des « rebelles terroristes » et aimerait bien qu’on pourchasse aussi ses propres rebelles. Vous auriez donc tout intérêt, si vous ne voulez pas que les chefs d’accusation s’alourdissent, à mettre un terme à cette tragique, illégale et grotesque intervention ».

L’inculpé : « Monsieur le Président, si vous me faites la grâce de me remettre en liberté conditionnelle, je vais m’y employer, d’autant plus que nos troupes sont freinées, dans leur héroïque poursuite des « terroristes », par le sable. Jamais nous n’aurions pu imaginer ces gigantesques amoncellements de sable dans le Sahel. Bien entendu, je consulterai, avant toute initiative, le général Piga qui a toujours été de bon conseil et qui sait décider à ma place.

Le Président : « Décidément, piètre inculpé, vous ne comprenez rien à rien. Vous allez demander son avis à un soldat qui ne possède, en guise de cerveau, qu’un missile ou un drone ! Rappelez-vous Hiroshima, Nagasaki et le « fanatisme » militaire, politique et scientifique qui conduisit à exterminer plusieurs centaines de milliers de civils japonais pour « expérimenter » la bombe atomique ! Je me demande si la Cour prendra la décision de vous relâcher ».

FIN DE L’AUDIENCE

samedi 19 janvier 2013

AH ! QUE MAUDITE SOIT LA GUERRE.


Et que soient maudits ceux qui la déclenchent, ceux qui l’approuvent et ceux qui restent les bras ballants et la cervelle vide devant le crime.

C’est dans des circonstances exceptionnelles et difficiles qu’un homme d'État se révèle, déclare le ministre de l’intérieur Valls pour glorifier la guerre et son chef de guerre. Guidé par le patronat et les banques, complice de la défaite récente des salariés sur le plan du droit social et économique, empêtré dans des projets de réforme inconsistants, inutiles ou mal préparés, il sentait se décomposer sa couronne de roi. Il ne restait plus que la guerre pour le défendre contre le mauvais sort. Le voilà qui prend l’uniforme de chef des armées. Vite, on va lui trouver un terrain de bataille. Son alter ego, le roitelet du Mali va lui offrir un grand champ d’exercice à la tuerie sur un plateau.

Finies les jérémiades des millions de victimes de l’austérité des licenciements, du chômage et de  la vie chère. Vive la Patrie. L’État patriotique se doit de protéger ses homologues étrangers, leur chef d’état, leurs richesses. Il doit faire les gros bras, montrer sa force. Le droit sur les conditions d’intervention est pour lui, accessoire et donc sans effet. Il est indifférent à toute morale quant aux conséquences de sa guerre sur les populations civiles.

Enfin Il va pouvoir « rendre vivante la peur » qui sommeille ou qui déjà inquiète ses propres citoyens.  Il a toujours un plan « vigie pirate » dans ses bagages. Paralyser ses ouailles, leur clouer le bec, pour cela rien ne vaut une belle guerre baptisée Croisade contre les Infidèles musulmans et terroristes d’Afrique. Initiative hasardeuse, roulage de mécanique imprudent, alors que les peuples de cinq pays nord africains ne sont opposés aux musulmans adeptes de la Guerre sainte que pour leurs actes terroristes et qu’ils ne s’opposent pas à ce que leurs gouvernements, déjà installés dans des constitutions autoritaires et religieuse (charia), négocient avec les groupes armés.

Cette forfanterie patriotique a déjà eu ses premiers effets encourageants : Un otage que notre brillante armée se proposait de libérer, en Somalie, a été tué ainsi qu’un des deux soldats en hélicoptère, préposés à la manœuvre. En Algérie, 45 salariés d’un centre industriel ou pétrolier viennent d’être pris en otages. Notre chef des armées n’a pas de chance. Mais la patrie est en danger. Faisons l’union sacrée. Nos élus et nos élites, grâce à la guerre, se frottent les mains. Ils peuvent, gauche et droite confondues, sabler le champagne avec les banquiers et les vendeurs d’armes.

L’armée commande Le bon peuple se tait et obéît. La « discipline est la force principale des armées ». Quelle aubaine pour ces criminels de guerre que de faire de chaque individu un soldat.

La qualité essentielle... du parfait soldat... c’est l’obéissance passive, l’abdication de toute individualité, le renoncement absolu à soi-même, la servilité abjecte et féroce du bouledogue...”, écrivait Blanqui. Et Proudhon complète : “Le type du machinisme est le soldat... On peut définir la discipline comme la substitution d’une idée étrangère à l’idée propre de l’homme. Le remplacement de son âme, de sa conscience, de son intelligence par une âme qui n’est pas la sienne. L’homme discipliné s’est désappris de lui-même. De tout temps on a fait une âme factice au soldat comme au moine... C’est une bête qu’on monte, qu’on gruge, qu’on enivre à propos, comme on endort l’autre avec l’opium de la théologie et de la piété. Où est l’homme dans le soldat, où est-il dans le moine ? »
 Alors, Bouledogue, Machine, Bête qu’on monte, qu’on gruge, à vous de choisir ! Et si on restait homme, après tout …

Archie Janvier 2013