mardi 18 novembre 2008

LIRE ...un Crime?

LIRE … UN CRIME ?

Le livre « L’Insurrection qui vient », rédigé par un collectif signant « Un Comité Invisible » et édité par la maison d’édition « La Fabrique » dirigée par Eric Hazan serait considéré par la brigade « Terroriste » des Services de Police spéciaux parisiens, comme « Pièce à conviction ». à la charge de plusieurs habitants du village de Corrèze, Tarnac.

Ce « Terrorisme d’Etat » faussement baptisé « anti » s’exerce actuellement dans l’affaire de Tarnac et de l’un des 27000 actes dits « de malveillance » survenus sur le Réseau Ferré de France » en 2008 .

Dans le cadre d’une « Série Policière » télévisée et présentée comme un journal d’information « véridique » comme à l’accoutumé, nous avons pu voir un groupe d’une dizaine de personnages au visage dissimulé par une cagoule noire et harnachés de vêtements spéciaux protecteurs, prenant d’assaut sans aucune raison apparente, une paisible habitation corrézienne du petit village de Tarnac.

Le problème est que les acteurs ridicules de cette fiction co-produite avec le FBI se sont pris au sérieux et qu’ils ont réellement et sauvagement agressé et livré à la police et à la justice des personnes totalement étrangères au scénario du réalisateur.

Depuis plusieurs jours, enivrés par leur coup de force, roussins, matons et chats fourrés s’en donnent à cœur joie sur leurs victimes. Violences de toutes sortes, provocations, menaces, chantage pour leur faire inventer une histoire qui permettrait à leurs bourreaux de présenter une justification à leurs procédés criminels.

Comme par hasard, les encagoulés de noir qui ont envahi brutalement un domicile privé, y ont découvert des cagoules noires. Comme par hasard les bourres aux uniformes bien rembourrés ont découvert des gilets pare balles.

Et pour faire bonne mesure ces analphabètes ont découvert un objet qu’ils n’avaient jamais encore repéré : un livre. « L’insurrection qui vient… ». C’en était trop. Eux qui ne se sont jamais insurgés contre les pires vilenies, les plus abjects ordres de leurs supérieurs, dont la misérable lâcheté a été d’obéir à la loi, quelle qu’elle soit, se sont déchaînés contre ceux qui, debout, savent faire face, pour qui la résistance est une morale concrète, pour qui, dirait Albert Camus « la révolte, c’est la vie ».

L’histoire bégaie. Dans les années 1940, sous le règne du massacreur de Verdun, Laval et ses milices pratiquaient les agressions armées contre ceux qui ne « pensaient pas pareil ». Interdire ou brûler des livres, c’était de la saine propagande à la « Goebbels ». Arrêter ou brûler des hommes, était sans risque pour les bourreaux. Aujourd’hui, le « Laval » du chanoine du Latran s’installe à Vichy pour la chasse à l’étranger.

Aujourd’hui, l’étranger n’est pas seulement celui qui vient d’ailleurs, fuyant souvent la misère ou la persécution, c’est aussi le marginal, l’insolent qui vit en communauté, le squatter, le manifestant, l’anti- productiviste, l’anti-consumériste, l’anti- nucléaire, l’anti- conformiste, écoeuré par la Société du spectacle et la Finance reine, celui qui n’accepte pas un ordre fondé sur la loi de la jungle et le mépris des hommes.

Alors, qu’un comité de soutien aux incarcérés de Tarnac se mette en place, témoigne que le décervelage, la « Propaganda Staffel hitlérienne» du chanoine n’ont pas atteint et infecté tous les cerveaux. Qu’on voit entraver ce que Castoriadis appelait « La Montée de l’Insignifiance » par cet acte de résistance est un signe.

Mais ce n’est pas seulement pour défendre les personnes agressées, emprisonnées, interdites de parole et malmenées par les argousins à Tarnac que la résistance doit se poursuivre. Ce n’est pas seulement pour la liberté d ‘expression. C’est contre ce terrorisme d’Etat qui maltraite et aveugle, ce terrorisme du mensonge, de la peur, de la délation, de la « présomption de culpabilité ». Car alors, si la soumission, la lâcheté, la servitude inconsciente ou volontaire deviennent la règle , nous subirons malheureusement d’autres coups de « Tarnac ».


17 11 2008 Archibald Zurvan

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