mardi 1 janvier 2008

ECOLOGIE OU ANARCHIE ?

Au Monde Libertaire (1)

Le 12 décembre 2007,

Compagnons,
Dans le numéro 1494, vous publiez un article appliqué de mathématique appliquée signé Bekaert et qui évoque avec admiration les positions de Pelletier sur l’écologie et la décroissance assimilée par l’auteur de l’article au malthusianisme.

Pour éclairer le lecteur, qui pourrait se demander ce qu’est la position contraire aux affirmations de Pelletier , je vous demande de publier mon article de décembre 2006.

Il sera d’autant plus actuel et en phase avec les positions que nous considérons comme justes, que se tient en ce moment en Indonésie , à Bali, une conférence internationale sur le Climat.

Salut et fraternité.

Archibald Zurvan . Chronique Hebdo
(1) article non publié.




Ecologie ou Anarchie

Depuis plus d’une décennie Il (1) oppose l’écologie à l’anarchie. Selon lui, il faudrait choisir son camp. Ce langage binaire ne présage rien de bon pour l’analyse du phénomène écologique rapporté aux valeurs de l’anarchie, à son mode de pensée et son mode d’action.


Quelques pétards mouillés :
Les Médias :
Dans les deux numéros du ML 1456 et 1457, à propos d’un certain « Catastrophisme » et du « complot » ourdi par les grands prêtres de l’idéologie dominante, l’auteur des deux articles s’en prend à l’écologie telle qu’elle est mise sur la place publique par les médias et notamment par les présentateurs et journaleux de la télévision. Il nous fait découvrir (sic) une nouveauté extraordinaire à savoir que les chaînes de télé sont entièrement sous la dépendance des dominants, Etat et capitalistes ! Cette main mise déconcertante influencerait leur façon de traiter l’actualité ou les sujets de fond ! Ah, bon, nous ne savions pas que les journalistes entonnaient la même chanson que leurs maîtres capitalistes, y compris dans l’exploitation de conceptions écologiques qu’ils pourraient utiliser, soit pour les discréditer soit pour en tirer profit !

Les Entreprises capitalistes :
Il attaque également la récupération capitaliste des thèses écologiques. Ca n’est pas non plus nouveau ! Le phénomène de la récupération des idées ou des projets qui sont susceptibles de dégager du profit est mis en pratique depuis fort longtemps dans tous les domaines de l’activité économique. Peu importe que ces thèses ou ces projets reposent sur des valeurs totalement étrangères au système capitaliste.

Les Politiciens :
Il attaque enfin les politiciens de l’écologie, ce qui, là également, consiste à enfoncer des portes ouvertes. On sait bien que le parti écologique n’a pour objectif que de produire des politiciens et de leur assurer une rente de situation dans un système économique et social capitaliste qu’ils ne contestent pas fondamentalement.

Ces trois attaques contre les médias, les capitalistes soutenus par l’Etat et les politiciens ont selon Lui un dénominateur commun : le catastrophisme, comme si l’utilisation de la peur, comme moyen de domestication n’était pas là encore une pratique utilisée couramment par les trois acteurs cités plus haut : médias, capitalistes et politiciens.

La « Peur » :
Il découvre le « catastrophisme », la mise en scène de la peur comme moteur d’une action capitaliste et politicienne. Quelle surprise ! cette découverte impressionne tellement cet ancien combattant, excité à l’idée de relancer son sujet de diatribe préféré, qu’il ne l’aperçoit qu’à travers l’écologie.

Ce qui est plus grave c’est qu’il impute à certains « militants » anarchistes (sincères, comme il le dit avec beaucoup de commisération) cette forme de pratique manipulatoire. Il s’agit d’une sorte d’accusation envers ceux dont il prétend être le compagnon alors que le catastrophisme est hors de la pensée, de la morale et de l’action anarchiste.


De l’imposture ou du « trompe couillon ».
Pour faire accepter ses thèses, il prend des points d’appui sérieux : d’abord celui du vieux maréchal Pétain et son slogan du retour à la terre ; ensuite et pour faire bonne mesure, les adeptes du fascisme. Pour lui, approuver les thèses écologiques, même si elles sont fondées sur des constats, relève d’une idéologie autoritaire. La dictature écologique n’est pas loin. Une curieuse argumentation qu’il avait formulé en 1993 pour justifier cette comparaison hardie entre écologie et fascisme, ne manque pas de sel: je cite l’auteur : « Non, les écologistes ne se situent pas (complètement) à gauche. Ils se situent réellement, idéologiquement, philosophiquement, en partie historiquement, largement politiquement, en travers, en partie à gauche, à droite et au centre. Qui peut prétendre sérieusement le contraire ? Il n’y a, à ma connaissance, qu’un seul mouvement qui ait eu une telle position, un tel croisement complexe mais réel : le fascisme. » Avec cette expression étrange « de travers » l’auteur prétend justifier l’analogie qu’il fait entre fasciste et écologiste. Que voilà une affirmation présomptueuse : n’est-ce pas parler à tort et à travers !

La Science, la « vraie ».
Tartarin aimerait sans doute chasser l’anarchiste qui défend les thèses écologiques sans approuver le comportement de ceux qui les utilisent à des fins de pouvoirs. Haro sur ceux qui font confiance à une science sans conscience, la majorité des scientifiques considérant le réchauffement de la planète en partie lié à l’activité humaine ! Quand à lui il prend pour argent comptant l’affirmation d’autres mais vrais scientifiques qui estiment eux que le réchauffement de la planète n’est que :
Soit une vue de l’esprit soit un phénomène naturel et fatal.

Le « complot »
Sous prétexte que ceux que nous combattons, mais qui vivent dans le même Monde que nous, font les mêmes constats sur la dégradation de l’environnement, et s’en servent pour élaborer et mettre en place des mécanismes inopérants ou dérisoires (2), et ce dans leur seul intérêt financier, nous serions leurs complices. Puisque nous faisons les mêmes constats, et bien au delà, sans même avoir besoin des statistiques et des rapports de l’ « Ogre » capitaliste (le GIEC), nous ne pouvons être que les dupes d’un vaste « complot » . Trompés et complices, tels sont les malheureux anarchistes (pourtant sincères !)

La Hargne.
Cette agressivité contre ceux qui osent mettre en cause les comportements humains dans la dégradation de la Planète (climat, couche d’ozone, pollutions diverses des éléments, nucléaire …) témoigne, à contrario d’ une acceptation tacite sinon d’une propagande pour les formes actuelles productivistes mondialisées du capitalisme hégémonique. Elle témoigne également de l’acceptation d’une morale réactionnaire apologétique du « travail », et comme dirait ce vieux maréchal : de la famille et de la patrie.

Vive le « Productivisme » !
Le combat pour l’écologie, la décroissance ou toute lutte contre les effets désastreux du modèle économique dominant, serait un désastre pour les démunis, les « masses » dominées et pillées du Monde. Elles seraient privées du droit de bénéficier des avantages de la Société des plus riches ! Notre modèle serait le leur, comme disaient les premiers colonialistes. Peu importe leur culture, leur histoire, leur autonomie perdue, leur capacité d’agir par et pour eux mêmes étouffée. La Société du gaspillage leur ouvrira, s’ils travaillent bien , des horizons radieux. Vive l’efficacité financière mondialisée imposée aux peuples barbares et incultes !

Permanence du galimatias.
On pourrait dire que l’auteur a fait une fixation sur l’écologie puisque depuis de nombreuses années il nous sert la même antienne, il nous abreuve de son galimatias, de son pathos entortillé, de sa logorrhée insipide. C’est par le fait qu’à deux reprises le ML ouvre ses colonnes à un discours sur l’écologie, contestable, confus et pesant que j’ai pris la peine de répondre.
C’en était trop. Soyons également cuistre ! Errare humanum est, perseverare diabolicum.

2 décembre ! 2006 Archibald Zurvan






-1 Philippe Pelletier
-2 L’ex-vice président des USA et futur candidat à la place de Bush, Al Gore édicte dix « commandements » pour lutter contre le réchauffement planétaire. Parmi ces dix commandements, on peut lire : « Changer d’ampoule électrique ». ou encore « Evitez les emballages doubles ». Le onzième commandement « écologique » est le suivant : Si cela ne marche pas : Priez !

Aucun commentaire: