jeudi 22 janvier 2009

ECOLOGIE DECROISSANCE et ANARCHIE



Anarchie, Décroissance, Ecologie

« En quoi le combat contre l’Economie capitaliste est il nécessairement une lutte contre la Croissance et pour la protection de l’Environnement »

Ce très vieux sujet ne cesse de soulever des passions. Tant mieux, puisque même passionnées les controverses sont utiles. J’en profite pour dire mon mot.

L ‘Anarchie. La liberté ne va pas sans la morale. Le respect de l’autre, qu’il s’agisse de l’individu ou du groupe est le fondement de la « Philosophie des moeurs » de Pierre joseph Proudhon. La liberté de l’autre, accroît la tienne. Cette liberté a un contenu : l’autonomie, la capacité à développer sa force, sa volonté , sa personnalité. Dans ce but, chaque individu ou chaque groupe librement constitué doit pouvoir disposer de la liberté de construire et d’autogérer son existence . Cette vie libre et autonome en Société lui permet d’organiser de « libres, mutuels et réciproques ». » échanges avec les autres individus ou groupes. Ce « commerce » exclut toute idée de hiérarchie, de domination, de vol. Ce mode de fonctionnement implique la maîtrise du potentiel de production et de son entretien. Au total, il s’agit, dans les relations avec les individus et la nature, de tendre vers ce qu’on pourrait appeler « Harmonie et Mesure ».

La Croissance. Le moteur de l’Economie capitaliste est la croissance. Ce vocable apparemment anodin, à connotation biblique ( ‘Croissez et Multipliez » ), recouvre tout ce que nous appelons « Le Vol Capitaliste ». Il ne s’agit pas de permettre , par la croissance des biens, produits et services, d’éviter que plusieurs milliards d’individus, sur la Planète, soient dans la famine ou la misère. Il s’agit au contraire, avec les armes de la guerre économique et de la Charité (ONG), d’accaparer, au profit de quelques uns, le produit des ventes réalisées grâce au vol des richesses et du travail de l’ »Autre ». Ce vol n’est pas seulement un accaparement limité à un produit ou un service. Il implique la destructions des Cultures autochtones et de ce qu’on pourrait appeler « Les Fondamentaux » : la Terre, le Sous sol, l’Air, l’Eau. Outre la disparition des autonomies, cette Croissance se fonde sur ce que Stirner appelle la « Guerre de tous contre tous ». En effet la nécessité d’ « absorber ou d’éliminer » son concurrent est une question de survie pour les plus « compétitifs ». Cette « démesure » entraîne la concentration des ensembles productifs, la servitude accru des « clients » et salariés, le gaspillage côtoyant la misère, le gigantisme commercial et l’ « ignoble réclame », comme disait le géographe Elysée Reclus
Ainsi , lorsque les anarchistes parlent de « Décroissance », c’est bien de cette gigantesque et longue bataille qu’il s’agit . Détruire une Economie folle, capitalistiquement fondée sur la Croissance, voilà la « Dé- Croissance », la destruction du modèle.


L’ Ecologie : Lorsqu’on s’intéresse au Milieu, à la Nature, à la relation entre les individus et leur environnement, l’ampleur du sujet, l’aspect fatal, inexpliqué, imprévisibles de bien des phénomènes naturels, risque, plus que dans tout autre domaine de la Connaissance, de vous faire trébucher, de vous faire prendre les pieds dans le « sacré », le « religieux ». Le biologiste allemand, Haeckel, l’un des premier à utiliser le mot Ecologie, en 1874, un scientifique « darwinien » convaincu, s’est finalement réfugié dans une métaphysique, une « philosophie de l’Ame ». De son côté, Henri David Thoreau, l’auteur de « La Désobéissance civile », homme de raison d’un immense savoir, , à la forte personnalité, donne à son « Ecology » un caractère mystique.

De tout temps, on a sacralisé ces « puissances naturelles inconnues » déclanchant bienfaits ou catastrophes. Les Maîtres de toutes les époques , religieux ou non, ont su utiliser ce phénomène pour asseoir leur domination. Les poètes, les « romantiques », les philosophes s’en sont donné à cœur joie pour nous faire rêver à l’ Age d’or, au « bon sauvage «, ou nous conduire au renoncement à échapper à un destin fatal.

Mais pour nous, aujourd’hui, la question n’est pas seulement de dénoncer les pratiques du Pouvoir en matière d’Ecologie, soit qu’il s’appuie sur des « scientifiques » pour nier les phénomènes, soit qu’il les admet sans les combattre, c’est de souligner l’impossible dissociation entre notre combat contre le système capitaliste en général et les conséquences de sa propre logique. Les bouleversements des équilibres naturels, la dégradation des « milieux où vivent les êtres vivants » (sauf évidemment à en contester l’existence) sont le produit de la mécanique économique et sociale capitaliste.

20 01 09 AZ

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mercredi 21 janvier 2009

ANARCHISTE OU LIBERTAIRE ?







UN LIBERTAIRE EST IL UN ANARCHISTE ?

Le Capitalisme s'étouffant aujourd'hui, le bicentenaire de la naissance de Proudhon, père de l’Anarchie, aurait il fait renaître (en tout cas pour les médias) l’intérêt pour cette « plus belle expression de l’Ordre ». Iront-ils, ces journalistes, au bout de leur propos? Il est déjà étonnant qu'ils aient présenté les extraits des carnets de Proudhon sous le titre "Honte au suffrage universel". Bon début. Mais il faudra les aider pour la suite. Il reste, en effet, quelques « minuscules » valeurs de l'Anarchie à traiter ! la Morale, le Mutuellisme en Economie et en Société, Le Fédéralisme (anti- centralisateur), la relation "autorité- liberté et j'en passe.

Début…par le « vocabulaire »…

Sous le titre « Les Anarchistes » Le mensuel « le Monde diplomatique consacre dans son numéro de janvier 2009, quatre pages aux Anarchistes, leur histoire, leurs valeurs, leurs modes d’action, l’actualité de leurs combats dans le Monde.

Le premier sujet abordé dans ce numéro constitue une analyse du vocabulaire utilisé pour parler des anarchistes et de leurs références. Qu’est ce qu’un « libertaire », une idée, un acte « libertaire » et en quoi s’agit- il d’anarchie ?

Jean Pierre Garnier a traité de cette question sous l’intitulé : « Appellations peu contrôlées »

Le thème de l’écart entre le sens donné à un mot et la réalité qu’il recouvre n’est pas nouveau. Dans le numéro 1537 du Monde libertaire (11-17.12.08), Jean Pierre Garnier avait déjà écrit, sous le titre « Un Capitalisme Festif », un article dans lequel il soulignait l’artifice que constitue une « Fête » organisée par les pouvoirs en place, à la façon des « Jeux du Cirque » des Arènes impériales romaines, pour détourner la population des injustes et dures réalités, en prétendant, par ces dérisoires distractions, retisser le « Lien Social ».

Dans l’article du Monde Diplomatique, « Appellations peu contrôlées » J. P Garnier entreprend de démonter une pratique courante depuis des lustres, selon laquelle l’appellation « libertaire » recouvre des réalités diverses et souvent contradictoires. Pour ne pas être catalogué comme anarchiste, terme injurieux employé par l’Etat et la Classe capitaliste au pouvoir pour désigner de vulgaires terroristes poseurs de bombes, des politiques, des littérateurs, des agents médiatiques, des amuseurs, des tenants de la « libre loi de la jungle », des timorés de la pensée politique ou philosophique radicale, des « réformistes » opposés à tout acte rebelle se sont emmitouflés dans le doux vocable « Libertaire ».
Comme le souligne l’auteur de cette page, leur rébellion contre l’injustice sociale et les exactions des Pouvoirs, s’est « … cantonnée au mode de vie… » . Ainsi leur « transgression » participe du « renouvellement du système » en place.

Certains des personnages, qu’il s’agisse de politiciens , de sociologues, de philosophes médiatiques cités par l’auteur (1) s’abritent sous le parapluie « libertaire » pour donner un goût « tendance » à leur brouet réformiste insipide. Ils se servent du bel adjectif, libertaire, comme d’un miroir aux alouettes, pour mieux attirer les gogos. Leur volonté de transformation radicale de la Société, leur socialisme, qu’il soit ou non libertaire, est un leurre. De même que les partis communistes « autoritaires » les traitaient, tout au long du vingtième siècle, de « sociaux- traîtres », on peut dire d’eux qu’ils trahissent les valeurs de l’Anarchie, sa morale et ses modes d’action. Et J.P Garnier conclut : « … Autant dire que les néo libertaires ne font qu’ajouter l’indispensable note « néo » à un conservatisme renforcé. »

Quant aux « libertariens » qui composent avec d’autres « libéraux libertaires », la cohorte des adeptes de cette grande secte libertaire, on ne peut les accuser de trahison. Ils ont toujours soutenu que seule la morale de l’humilité et de la soumission est compatible avec le jeu naturel de la liberté du plus fort sur le plus faible.

Mais, les uns comme les autres ne voient qu’avantages dans les « transgressions » à la petite semaine, les jeux du cirque, les « micro- révolutions (voire les révolutions de Micro ) individuelles ou en bande ». L’« engagement » dans l’hédonisme libertaire est un admirable dérivatif. Leur « Liberté- Transgression » est un jeu sociétal sans conséquence sur l’ordre établi.

Plus que jamais, en ces temps de confusion, organisée ou subie, l’analyse de J.P Garnier mérite d’être lue, disséquée , frottée aux réalités de notre quotidien.
Archibald Zurvan 2 janvier 2009

Note : (1) Cohn Bendit, Besancenot, Corcuff, Onfray et autres