COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Deuxième
Séance du 28 février 2013
Le président François Hollande, chef de l’ÉTAT
français
SECONDE AUDIENCE : (voir la 1ère séance )
Après avoir à nouveau invité
l’inculpé à décliner ses nom, prénom et qualités, lui avoir fait jurer de dire
la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, le Président de la Cour
s’adresse alors au prévenu en ces
termes :
Le Président :
- A l’issue de la première séance de ce procès, et malgré la faiblesse de vos
arguments de défense et le peu de rapport avec les faits précis qui vous ont
conduit devant cette Cour, vous avez été laissé en liberté provisoire. Cette
clémence de la Cour avait deux raisons. La première, liée à l’Histoire de notre
Pays, est le modèle auquel vous avez cru bon de vous soumettre, celui des chefs
d’État qui, méprisant ou étouffant les idées et les valeurs de ce que l’on a appelé la période des Lumières
débouchant sur la Révolution de 1789, se sont comportés en autocrates arrogants
ou en assassins. Pire, ils se sont servis de ces valeurs de générosité et de
justice pour mieux asservir. Tels les Bonaparte, grand ou petit, les Thiers
assassin du peuple des fédérés de la Commune de Paris, en 1871, Poincaré – la
Guerre, en 1914, sans compter les militaires, Pétain ou De Gaulle, à l’affut
des démissions ou des soumissions des « élus du peuple ». L’autre
raison de la clémence de la Cour est la haine de la « démocratie »
qui vous a été inculqué à l’École des Sciences politiques. Le fondateur, en
1871, de l’École, justifiait l’autocratie oligarchique élitiste et seule apte à
gouverner. « Il faut que,
derrière l’enceinte croulante de leurs prérogatives et de la tradition, le flot
de la démocratie se heurte à un second
rempart fait de mérites éclatants et utiles, de supériorités dont le
prestige s’impose, de capacités dont on ne puisse pas se priver sans
folie. »
Ceci étant dit, accusé
Hollande, qu’avez-vous entrepris, depuis la dernière audience, pour
éventuellement réduire la portée des accusations formulées à votre encontre par
le procureur général de cette
Cour, d’avoir, en votre qualité de chef de l’État français, commandité
l’invasion d’un pays étranger, le Mali, sans la décision explicite du Conseil
de sécurité des Nations Unies ?
L’inculpé : - « Monsieur le Président, malgré ma volonté soutenue par mes conseillers,
d’en finir au plus vite avec une intervention destinée à protéger l’État
malien, les difficultés s’accumulent. Nous sommes dans une guerre
« asymétrique ». Notre adversaire, terroriste, dispose d’un
contingent et d’un terrain d’affrontement non conformes. Il s’agit plus d’une
guérilla sans un face à face égalitaire de deux armées. Cela risque de
durer.
Le Président : - Le constat que vous faites aujourd’hui, d’une guerre « asymétrique »
aurait pu être fait avant même le début de votre intervention. L’exemple de
l’Afghanistan ou de l’Irak aurait pu éclairer votre chef d’État major, le
célèbre et sarkozyste général Piga. Quelques heures, seulement après la
« victoire » des troupes franco maliennes et la reprise de la ville
de Gao aux « terroristes », ces derniers sont installés au centre
ville, dans la résidence du gouverneur et tirent sur vos soldats…Vos stratèges
en chambre auraient pu s’inspirer d’une analyse (Le Monde du 25 2 13) qui
souligne : « …la stratégie de
ces groupes est de disperser les forces de la coalition. D’abord il s’agit de
les obliger à être sur plusieurs fronts à la fois. Mais on peut aussi redouter
de voir des incursions se produire dans des pays voisins. J’ai bien peur qu’ils
soient présents dans de très nombreux endroits » Accusé Hollande,
allez-vous envoyer vos soldats dans toute l’Afrique de l’Ouest ?
L’Inculpé : - Je ne sais, Monsieur le Président, mais si mes homologues et amis chefs d’État
africains me le demandent, il me faudra bien aller les secourir. Comme je vous l’ai dit,
Monsieur le Président, au cours de la précédente audience, lorsque je reçois
cet appel à l’aide de mes homologues présidents, je me sens agressé moi même.
Le Président : - Accusé Hollande, comme
je l’ai souligné au début de cette audience, la Cour a pensé que votre remise
en liberté conditionnelle vous inciterait à réfléchir sur le rôle et les
responsabilités morales d’un individu qui s’est emparé, pacifiquement ou
militairement d’un pouvoir de chef d’État. Doit il se draper dans sa tunique
d’autocrate, devenir le fétiche de sa propre fonction, la sacraliser au point
d’étouffer sa propre raison d’homme sous le sinistre mausolée de la
« raison d’État » ? Ces homologues que vous défendez s’appuient
sur la misère intellectuelle, économique et sociale pour accroitre leur
influence et leurs richesses. L’analphabète pauvre malade et résigné (Islam)
est le garant de leur pouvoir.
L’Inculpé : - Monsieur le Président, j’essaie de provoquer au dialogue entre les parties en
conflit, comme l’a demandé l’ONU, mais cela n’est pas aisé. Ainsi, le premier
ministre du Mali, D. Cissoko,
nommé en décembre 2012 par les militaires qui venaient de chasser son
prédécesseur Modibo Diarra, se refuse à toute idée d’une solution fédérale avec
les opposants Touaregs du nord du Mali. Et en réponse à une question sur les
crimes commis par l’Armée malienne sur les populations civiles du Nord du Pays,
il répond : « … dans toute armée il y a des gens peu recommandables,
mais il ne faut pas en conclure que l’armée est mauvaise. Il faut faire
confiance aux autorités chargées de sanctionner les manquements à la
discipline. » Je suis un peu désemparé.
Le Président : - Effectivement, accusé,
vous semblez patauger dans un bourbier sans être capable de savoir comment en
sortir. Et quand un de vos acolytes s’écrie « La traque au terroristes
commence, nous allons les chercher à la pince à épiler », on peut se
demander si vous êtes conscient de la gravité de la situation. Votre délire militariste
contre ceux que le premier ministre du Mali appelle « les Illuminés »
provoque la recrudescence des
attentats suicides et des prises
d’otages. La triste aventure de ces 7 otages enlevés au Cameroun et dont un de
vos ministres vient annoncer triomphalement la libération devant le Parlement,
avant de se rétracter quelque temps après, est significative. Serez vous sourd
à l’appel des parents d’otages, inquiets pour la vie des leurs, et qui vous
demandent d’arrêter cette guerre ?
Continuerez vous à laisser votre armée et ses acolytes prendre en otage
des villages maliens sous le prétexte que les habitants ont
« collaboré » avec les « illuminés » ? Vous aurez à
répondre devant les juridictions appropriées des conséquences tragiques de
votre intervention au Mali sur d’innocentes victimes prises en otage.
L’Inculpé : - Monsieur le Président, je dois vous dire que j’ai fait de vives remontrances à
mon Ministre pour sa précipitation. Mais avouez que, si la nouvelle avait été
vraie, quelle joie cela aurait provoqué ! Il est vrai aussi que ceux que l’on désigne comme
« terroristes, djihadistes, illuminés » nous accusent de lancer
contre eux une véritable croisade. Mais ce n’est pas juste. Dès que nous aurons
extirpé de leur refuge chaque groupe d’Illuminés, nous mettrons fin à
l’opération « Serval ». Quant aux risques, pour les Européens,
d’être pris en otage, il ne faut rien exagérer. D ‘ailleurs, mon homologue du
Cameroun s’est montré rassurant et a invité les Européens à faire comme si de
rien n’était.
Le Président : Accusé, vous semblez prendre un peu
trop à la légère une situation critique. Vous devriez savoir que ceux qui
sacralisent un Dieu, une Patrie, une Fonction sont prêts à tout pour garder et étendre
leur pouvoir quitte à pousser au crime. Le groupe preneur d’otages au Cameroun
justifie son action par « les transgressions et les atrocités commises
contre la religion d’Allah par les pays européens… ». Alors il ne s’agit
pas de tranquilliser l’opinion en obligeant les télévisions à dissimuler le visage
des otages, d’exiger du CSA qu’il censure les images de guerre au Mali, au nom
de « la dignités des personnes ». Montrer l’atrocité de la guerre est
au contraire une « dénonciation d’actes commis contre la dignité des
personnes ». Alors, accusé Hollande, si la Cour décide de prolonger votre
liberté conditionnelle, tentez d’imaginer comment sortir du bourbier dans
lequel vous avez entrainé votre Pays.
Pour ce faire, méditez cette
information : (Le Monde 23 02 2013) En Syrie, un groupe djihadiste opposé au Président Assad a
décapité la statue du grand philosophe et poète syrien de l’époque Abasside
Abou Ala al Maari, (973 – 1057). Il s’est fait connaître pour son humanisme et
son pessimisme philosophique, remettant en cause les dogmes religieux. Dans son
ouvrage « Risalat al ghufran », considéré par certains comme ayant
inspiré « La Divine Comédie », le poète visite le paradis où il
rencontre des écrivains païens. Il a écrit ces vers : « Deux sortes
de gens sur la Terre : Ceux qui ont la raison sans religion et Ceux qui
ont la religion et qui manquent de raison. » Essayez de devenir cet homme
« normal » qui jusqu’à présent vous a servi d’étiquette, débarrassez-vous des guenilles de la « religion
de la Raison d’État ». Ne rejoignez pas le groupe des « Illuminés »,
ceux pour qui, disait un ancien combattant du Liban, leur arme tient lieu et
place de la raison.
Fin de la seconde audience.