1 LE VEAU D’OR EST TOUJOURS DEBOUT .
la « profitation », comme disait il y a deux ans les guadeloupéens et Elie Domota, leur porte parole toujours en lutte contre les « profiteurs » et leur justice, la profitation est une idole vieille comme le Monde. L’idolâtrie du profit, la « profitation du plus fort au dépens du plus faible est la règle : La Règle d’Or. Cette idole dorée va couronner les discours, qui, depuis plus des mois font la Une des journaux et les commentaires savants des économistes, les spectacles de bavards télévisuels ou les savants débats radiophoniques, sur la Crise. Tremblons devant cette énorme Dette qui n’est pas la nôtre. La Rigueur, l’Austérité inéluctable pour « rassurer » les Marchés et les Bourses du Monde, va nous contraindre à nous serrer la ceinture. Econome, sérieux comptable, prévoyant, l’Etat français, notre bienveillant Etat, toujours soucieux de ne pas entamer notre épargne ou nous mettre sur la paille, veut, comme ses homologues d’Europe, inscrire en lettres d’or dans notre Constitution qu’il ne pourra dépenser plus d’argent qu’il n’en dispose. Et, pour ce faire, il veut organiser une cérémonie officielle de vote solennel réunissant tous les détenteurs de la Souveraineté du Peuple (députés et sénateurs).
Cette Grand Messe aurait lieu dans les palais du Roi Soleil, à Versailles.
Il est un temps où, lorsque les pauvres, mais aussi une forte proportion des classes moyennes commencent à bouger, il convient de les rappeler à l’Ordre du Sacré, de leur faire plier la tête devant la divine sagesse de « leur » Etat, devant les règles intangibles et protectrices, inscrites en lettres d’Or, de leur Constitution. Et pourtant, Condorcet s’opposait à la sacralisation de la Constitution, la considérait comme simple référence morale de la liberté et de la justice, devant définir des règles en évolution permanente avec l’histoire des sociétés. Or, on sait depuis la nuit des temps, que les fabricants d’Idoles, d’images divinement sacrées, tendent à pétrifier l’individu, le paralyser d’admiration béate mais aussi et plus radicalement de peur. Et l’histoire des Etats a montré leur « indifférence » à l’égard du Droit qu’ils instituent lorsqu’il doit s’appliquer aux politiciens de métier ou à leur clientèle. S’ils sont, dans ce cas, si étrangers au Droit, on voit mal pourquoi ils respecteraient un article de la Constitution qui les concerne directement. Le mensonge déguisé, le leurre, l’esbroufe (Le Monde 23 08 11 G Courtois)(1) font partie du « Réalisme » dans la gouvernance.
Ces « règles d’or », ces images pieuses, ces idoles pour lesquelles aucune explication, aucune justification n’est requise sont les talismans des classes politiques, qu’elles soient au pouvoir ou dans la recherche du pouvoir. La « Règle d’Or » est un bon talisman pour le pouvoir socialiste espagnol mais embarrasse les socialistes français qui voudraient bien s’en servir mais pas avant d’avoir pris le pouvoir. Un autre talisman de la même espèce est la « Croissance » ou encore le « PIB » (produit intérieur brut). Malheur à l’ « infidèle » qui veut savoir ce que recouvrent ces termes. L’hérétique ne doit pas poser la question diabolique. Que recouvre la « Croissance » et à qui est elle profitable ? Au Chili, en effervescence depuis mai 2011, où la classe politique de gauche comme de droite est déconsidérée, 2 chiliens sur 10 détiennent 54% de la richesse. La « Croissance » est de 8,4 %. (Le Monde 27 08 11). La croissance n’a donc bel et bien aucun effet sur l’amélioration du sort des plus nombreux.
Mais ce veau d’or, cette constitution transformée en idole devant laquelle tout un chacun doit s’incliner a un objet encore plus maléfique. C’est de faire entrer dans les têtes que le profit, quel que soit son importance et les conditions de sa réalisation est un bienfait universel, une preuve évidente de l’honnêteté, de l’efficience du bénéficiaire. La marge brute est la balance de votre aptitude à bien produire et échanger. Les bas salaires, les délocalisations, les licenciements qui gonflent votre marge brute font de vous un entrepreneur ou un commerçant avisé. Le financier dispose d’une arme supplémentaire, avec bien entendu l’appui de l’Etat : c’est l’argent « virtuel », celui qui ne repose sur aucune richesse concrètement présente lors de sa création. Seuls les débordements sont mis sur la place publique. On parle alors de délit financier ou de corruption. Comme si la corruption n’était pas le fondement du système. Considérée comme naturelle et juste, elle infecte toutes les relations économiques et sociales dans la production du produit ou du service et dans l’échange. Puisque nous sommes à la fin de l’été, ceux qui ont pu voyager le constatent : l’espace ou la qualité du service dans un train, une chambre d’ hôtel, une table de restaurant se restreint peu à peu, sans que l’entrepreneur se soucie du bien être de sa clientèle. On peut généraliser ce petit exemple à toutes les relations du commerce ou de la production. L’égalité, l’équilibre dans l’échange entre celui qui vend son produit, son service ou ceux d’un autre et celui qui reçoit, sont inexistants. Nous sommes bien au temps de la Profitation.
Mais le temps de l’ « indignation », de la révolte, de l’émeute, de la grève, est, au bout du compte, arrivé. En Grèce, en Espagne, en Grande Bretagne, en Israel, au Chili et aujourd’hui dans notre empire néo colonial, en Nouvelle Calédonie où notre Chanoine du Latran (Sarkosy) est en train de manier le fouet et les fausses promesses, les pauvres ne se résignent plus à subir leur pauvreté, ils n’acceptent plus la loi des « profiteurs », la charge de la « profitation ».
S’approprier la richesse produite par d’autres producteurs de cette richesse que soi même, empêcher ces autres producteurs de tirer eux mêmes profit de leur travail, prétendre fonder un tel droit exorbitant sur leur statut de propriétaire, sur la possession d’un bien qui ne génère en tant que tel aucune richesse nouvelle, tels sont les « profiteurs », les « frelons » de la profitation. Et si j’évoque Elie Domota, la Guadeloupe, la nouvelle Calédonie, c’est que le « profiteur » exerce son talent, là où il est le maître, le vainqueur d’une guerre, le colonisateur autant que celui qui, sur son sol, s’approprie ce qu’il n’a pas produit. On peut lire, à propos du livre « L’Art français de la guerre » (Le Monde 19 08 11) ces propos : …Une colonie est une terre et un peuple à disposition, un paradis pour le prédateur… ou encore…La chair coloniale est chair désirante, appétit sans limite, elle prend, pille, vole, viole, tue…
Tel est le catéchisme du maître ès profitation. En Guadeloupe, deux ans après le mouvement contre cette forme de nouveau colonialisme et après une grève de 40 jours, amenant l’Etat français à signer un accord faisant droit aux revendications des guadeloupéens, non seulement l’Etat français refuse d’appliquer cet accord mais il lance des poursuites judiciaires contre les syndicalistes et ceux à la tête du mouvement de 2009. Une pétition de juin 2011 s’élève contre ce véritable coup de force. On peut y lire entre autres : « A propos de la volonté de musèlement et de criminalisation du LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon) par l'Etat français, Nous soussigné-e-s, déclarons tout comme le porte-parole du LKP, Elie DOMOTA : " Tous ceux qui refuseront d'appliquer l'Accord devront quitter la Guadeloupe... Jamais nous n'accepterons qu'une bande de békés rétablisse l'esclavage en Guadeloupe ».
2 LA MESSE EST DITE
Ce remue ménage universel contre l’exploitation de « l’homme par l’homme » a ému, jusqu’aux larmes notre saint père, chef de l’Etat du Vatican
2 LA MESSE EST DITE
Ce remue ménage universel contre l’exploitation de « l’homme par l’homme » a ému, jusqu’aux larmes notre saint père, chef de l’Etat du Vatican
Pour le pape, (Le Monde 20 08 11) « l’homme doit être au centre de l’Economie…l’Economie ne peut se mesurer par le maximum de profit »
La balle au centre, crient les amateurs du ballon rond, avant de lui donner des coups de pied ! L’homme exploité, colonisé, soumis, dépecé, résigné est bien au « centre » de l’Economie. Il n’est qu’un objet, une matière première de l’Economie. Quelque soit la taille du profit, il est entre les seules griffes des « frelons » de la City, des « émeutiers en col blanc » (voir 3ème partie).
Et si, comme certains papalins le font, on interprète ces paroles de Benoit 16 comme une invitation aux « profiteurs » à modérer leurs appétits et à atténuer la misère des pauvres, il faut savoir que pour le banquier du Vatican les grandes puissances devraient parvenir « à un consensus que seule une période d’austérité peut être la vraie clé pour une reprise de la croissance ». Cette austérité que le bon peuple de Dieu s’apprête à subir, a déjà eu ses premiers effets : Une bande de « seize salopards », comme l’écrit, par référence à un western américain, le Canard Enchainé » (24 08 11), et figurant dans le gotha des favorisés de la fortune, le bottin immond(ain)e des plus généreux bienfaiteurs du Capitalisme, vient d’adresser une supplique au Président, le suppliant de leur faire rendre gorge en les taxant plus lourdement. Cet acte de contrition et de repentance, dirait Spinoza, n’est-il pas le redoublement de la faute ?
Autre surprise, venant de la part d’un grand maitre de l’Etat espagnol chargé de la Justice de ce pays, (le Monde 19 08 11) : on apprend que le Président du Conseil général du Pouvoir judiciaire espagnol (équivalent du président du Conseil supérieur de la Magistrature en France), un certain Carlos Divar, avait déclaré, lors de la préparation des Journées Mondiales de Jeunesse ( JMJ) : « C’est seulement dans le Seigneur que se trouve l’unique vérité. »
Cette « vérité » a cru apparaître, le 16 Aout, à un fanfaron désaxé, un mexicain de 24 ans, étudiant en Espagne et « volontaire » aux JMJ. Sur un Forum catholique, il exprimait son intention de commettre un attentat au gaz chimique contre la Marche laïque de protestation contre les JMJ. Le Pouvoir judiciaire espagnol se demandera certainement si cet acte de folie ne le contraint pas à proposer des remèdes autres que la « Vérité » du Seigneur. Et cette vérité, illustrée par l’Histoire de l’Eglise catholique, les jeunes venus faire la Divine Fête à Madrid, la connaissent ils ? Comment pourront ils réagir aux propositions du pape, non seulement à s’en imprégner eux mêmes, mais aussi à « diffuser l’Evangile » ? Fiers de leur Foi, ils porteront la « Vérité » du Seigneur aux infidèles. Mais leur mission d’évangélisateurs devra se faire de façon grégaire avec le troupeau des fidèles. Ils seront guidés par les grands prêtres des Institutions pacifiques et traditionnelles catholiques, telles « Les Légionnaires du Christ » ou « L’Opus Dei ». En effet Benoit 16, ancien des jeunesses hitlériennes, que de jeunes infidèles ont traité de nazi aux JMJ, a précisé, en quittant l’Espagne, ce qu’il attendait de ses ouailles missionnaires : « Celui qui cède à la tentation de vivre la foi selon la mentalité individualiste qui prédomine dans la Société, court le risque de ne jamais rencontrer Jésus Christ ou de finir par suivre une image fausse de Lui». (Le Monde 23 08 11).
Ce souci de protéger la jeunesse de toute diabolique curiosité, de toute indépendance d’esprit, de toute réflexion personnelle est le propre de tout dogme tout absolu, toute religion . Cette bénédiction protectrice du jeune, nécessaire à lui éviter tout faux pas est la noble mission des grands Maitres des Eglises. Ces jeunes catholiques venus faire la fête à Madrid ont-ils renoncé à tout ce qui fait leur jeunesse : la curiosité, l’insolence, le non conformisme, la critique ? Peut on dire qu’ils sont déjà marqués par l’âge ? Qu’ils ont renoncé à la fraicheur de leur personnalité de leur spécificité, de leur volonté propre ? Ne sont ils plus, avant l’âge, qu’abandon, renoncement, résignation, humilité et soumission ? Etre un « homo festivus » débutant d’une « Rave Party » catholique, refuser son unicité, n’est pas signe de jeunesse. Dans ce cas, aussi , dirait Brassens, « le temps ne fait rien à l’affaire ». Et Stirner aurait précisé : « … Que sert-il aux moutons que nul ne restreigne leur liberté de parole ?... ils ne feront jamais que bêler. Donnez à un croyant, qu'il soit musulman, juif ou chrétien, la permission de dire ce qu'il voudra. Il n'aura jamais que des niaiseries bornées à raconter... »
Après les « Indignés, les résignés, se réjouit le pape, contemplant la foule des jeunes catholiques, le 15 Aout à Madrid. Le même jour un autre Pape, celui du Boudhisme se glorifiait de recevoir à Toulouse (Le Monde 17 08 11), où il donnait une conférence sur « L’Art du Bonheur », le grand manitou des Indignés d’Europe, en la personne de Stéphane Hessel. Pour le DalaÏ lama, l’indignation de son ami français de 90 ans qui, preuve de sa bonté intérieure, marche sans canne, n’est qu’une forme de compassion contre l’injustice. Ce joyeux chef dont l’idole est le bouddha, s’apprête à renoncer au pouvoir temporel (Canard Enchainé 17 08 11). Il ne renonce pas pour autant à décider de sa réincarnation, éventuellement en femme (sic), mais s’insurge contre l’idée que les chinois communistes et athées se mêlent de ce qui est sa propre affaire. Il faut dire que l’athéisme n’est pas en odeur de sainteté chez les adeptes du bouddhisme en phase préparatoire de réincarnation. Le livre de S. Hessel sera certainement traduit en tibétain et trouvera ainsi de nouveaux catéchumènes..
L’Individu se construit par la pensée individuelle, le jugement personnel, la singularité de chacun, de chacune, la diversité, la particularité, l’esprit critique, le questionnement, le dialogue contradictoire, la curiosité. De même, il renforcera sa personnalité, sa particularité en cherchant à mettre en doute, non pas sa propre capacité, mais tout ce que l’on lui inculque, ne se laissant entrainer par aucune « Autorité », quelque soit la séduction de cette dernière. Tels sont les irréductibles ennemis de la croyance, du dogme, de l’Absolu, de la Vérité éternelle, du catéchisme, de l’aveuglement, de la soumission, de la résignation. Et on comprend mieux le souci, pour un envoyé de Dieu sur Terre, de tout tenter pour étouffer ce qu’il appelle la « mentalité individualiste ». En un mot, Croire ou Penser, il faut choisir, n’en déplaise à Descartes qui tentait désespérément de démontrer à l’aide de la raison, de la rationalité, de la logique de la pensée, l’existence de Dieu : Benoit 16 a choisi.
3 VOUS AVEZ DIT : MORALE !
De l’émeutier « en col blanc » au rentier« frelon ».
« De Tottenham (quartier pauvre de Londres) à la City, le même effondrement moral » titrait «Le Monde » samedi 20 Aout 2011, page 16 .
… David Cameron parle d’effondrement moral dont souffrent uniquement les jeunes émeutiers de Londres. Le « Daily Telegraph » journal conservateur « suggère qu’à cause des financiers et des politiciens, l’immoralité est devenue la norme »… « La décadence morale de notre Société est aussi forte au sommet qu’au bas de l’échelle ». .. les émeutiers n’ont fait que copier les élites, « cupides, imprudentes et irresponsables »…
Mais peut on parler d’une morale qui s’effondre ? La confiscation totale ou partielle d’un gain, d’un profit réalisé concrètement par d’autres que ceux qui s’en emparent autoritairement, au nom de la loi du plus fort, semble fort éloignée de la notion de « Morale ». Pour d’aucuns, c’est un vol. Or notre système économique et de relations sociales est fondé sur ce vol. L’importance quantitative de ce prélèvement est variable, mais son principe ne l’est pas. Pour le « capital » et son détenteur, il s’agit de minimiser la portée de ce vol. A cet exercice s’adonnent de brillants économistes. Lorsque les effets de ce prélèvement provoquent des crises et, en prolongement, des troubles, d’éventuelles « catastrophes », il faut de la finesse et de l’imagination !
C’est ainsi que (Le Monde 21 08 11) , le Président du Cercle des Economistes, ne voudrait pas que nous nous « laissions aller au catastrophisme ambiant » et propose une « Economie plus subtile (sic), …dessinant une trajectoire de court et moyen terme »…fondée sur un « taux d’épargne plus faible et une épargne de long terme »..
« Quand l’émeute devient notre mode de vie ». En Angleterre comme à la Bourse : Le Chaos. « Titres dans le Monde » du 21 08 11 »
Un magistrat honoraire, expert en sécurité urbaine (sic), M. Marcus, illustre, en comparant un « trader » à un émeutier ce qu’est la captation indue d’un bien. Allant plus loin dans la critique d’une justice sans « morale », il souligne que la répression sera d’autant plus sévère que l’émeutier a un statut social de faible niveau. Pire, ce serait parce que la justice d’Etat est impuissante contre les riches que les magistrats se défoulent sur les pauvres, en alourdissant les peines.
M. Marcus écrit, en effet : « …Les figures de l’émeutier sont diverses, c’est le trader, c’est le hooligan, c’est l’homme qui se joint à un rassemblement de beuverie, mais c’est aussi le tueur de Norvège ; Les émeutiers de Londres sont tout autant les gens de la City que ceux de Hackney (Quartier où « bobos » et pauvres se côtoient)…il est plus simple de contrer l’émeutier de la rue, de le réprimer à la mesure de la pauvreté de son statut social, de son poids dans la Société. Toutes les justices compensent leur impuissance à atteindre les émeutiers en col blanc… »
Dans le même numéro, on peut lire que le premier ministre britannique, dont les frasques d’une riche jeunesse sont décrites sous le titre « David Cameron échappe à la police (Le Canard enchainé 24 08 11) constate que la Société anglaise qu’il dirige est « en miettes ». Il proclame : « La « broken society, (société en miettes), est de retour au sommet de mon agenda » . Pour recoller sans attendre les morceaux il envisage de créer des zones de « couvre feu » dans les quartiers pauvres et des interdictions de sortir en fonction de l’âge et de l’heure. Il a surement souvenir qu’au temps de sa folle jeunesse un de ses passe temps favoris était de mettre en miettes, de dévaster complètement, avec ses jeunes amis fortunés une salle de restaurant de luxe. Bien entendu, le lendemain du forfait, il présentait ses excuses et payait le prix des dégâts. Quant au vice premier ministre il veut que les jeunes condamnés à des travaux de réparation des dégâts causés (on dirait ici, travaux d’intérêt public) soient forcés de porter des vestes « à haute visibilité » . On pourrait ajouter, par référence à une période également sans morale : De couleur jaune, de préférence !
Sous le sous titre « Il faut en finir avec la finance improductive », l’économiste Jean Louis Guigou écrit (Le Monde 18 08 11) : «….En économie, depuis la nuit des temps, les hommes n’ont trouvé que deux façons d’acquérir des ressources : Prendre, comme le fait le frelon, Créer, comme le fait l’abeille. Et cet économiste précise : …les abeilles sont celles qui produisent de la richesse et de la valeur ajoutée…Les frelons, en revanche, sont des prédateurs.. Les plus connus sont les rentiers, qui exploitent et spéculent … en Occident, s’ajoutent des prédateurs nouveaux, très virulents, qui opèrent soit dans la manipulation de l’information, soit dans la dérégulation financière…. Au sud comme au nord, les frelons prédateurs tirent leurs revenus exorbitants, non pas de la production-création-innovation, mais de leur proximité avec le pouvoir politique… Partout, dans le Monde, les abeilles travailleuses se révoltent contre les frelons prédateurs… les « indignés » de Madrid, les révoltés d’Athènes, les insurgés de Tel Aviv, et même les casseurs de Londres… »
Et après avoir proposé quelques remèdes (taxation des « improductifs », traquer les faux métiers que les frelons ont investi, traquer les niches proches du pouvoir politique où ils prospèrent), l’auteur, économiste, de ce texte ajoute, sentant bien que ses modestes solutions seront rejetés par les pouvoirs politiques et financiers :… « mais, il faudra, aussi regrouper toutes les abeilles et rejoindre leur révolte contre les frelons. »
On voit, par ces exemples que pour un économiste et un ancien magistrat, l’Etat, tout autant que l’organisation économique et sociale capitaliste sont, par nature en dehors de la morale, opposés à la justice, cette justice qui se fonde sur le respect de la dignité de chaque individu et de la défense de cette dignité lorsqu’elle est attaquée. Autant la justice d’Etat, distributive est sans rapport avec toute forme de morale, autant celle, anti autoritaire, qui repose plus sur le contrat que sur la loi, peut être considérée comme « morale ». Sur ce point fondamental, le philosophe Alain écrivait en 1912 :
“...Quelle étonnante ambiguïté dans la notion de Justice. Cela vient sans doute principalement de ce que le même mot s’emploie pour désigner la Justice DISTRIBUTIVE et la Justice MUTUELLE. Or ces deux fonctions se ressemblent si peu que la première enferme l’INÉGALITÉ et la seconde l’ÉGALITÉ...”
Dans la première il y a en effet une autorité qui “donne à chacun la part qui lui revient”.. (Gd. Robert). La Justice mutuelle ou “commutative”, au contraire est celle qui “consiste dans l’égalité des choses échangées, dans l’équivalence des obligations et des charges...” (Gd. Robert).
Il est impossible, dans notre Société inégalitaire, de passer, sans accroc, d’une justice sans morale à une morale, une philosophie des mœurs qui respecte l’individu. La classe politique est, par nature, indifférente à ce problème fondamental. La classe politique étant déconsidérée, ce sera aux vrais indignés, non résignés d’agir. Et ce ne sont pas les seules populations d’Europe qui doutent de la capacité des détenteurs professionnels de la souveraineté populaire à tenir compte des aspirations des populations ! Notre honorable Conseil d’Etat, constatant cette incapacité des élus du peuple à assurer correctement leur mission, propose de « mieux associer le citoyen à la décision publique ».(pour poursuivre la réflexion sur cette invitation voir mon blog archibaldzurvan.blogspot.com « La Foire du Trône »(O9 O7 11).
A Paris, Le 31 du mois d’Aout. AZ
Notes :(1) La règle d’or ou les rois de l’esbroufe :
Il faut à la majorité actuelle un culot exceptionnel pour jouer subitement les professeurs de vertu budgétaire. Leur projet de « constitutionnaliser » la limite des dépenses publiques à partir de 2013 est un leurre. Le texte de cette loi – article de la Constitution ne fixe aucune limite concrète et laisse à de simples « lois - cadres » votées chaque année le soin de définir un plafond de dépenses.