Et que soient maudits ceux
qui la déclenchent, ceux qui l’approuvent et ceux qui restent les bras ballants
et la cervelle vide devant le crime.
C’est dans des circonstances exceptionnelles et
difficiles qu’un homme d'État se révèle, déclare le ministre de l’intérieur Valls pour glorifier la guerre et son
chef de guerre. Guidé par le patronat et les banques, complice de la défaite
récente des salariés sur le plan du droit social et économique, empêtré dans
des projets de réforme inconsistants, inutiles ou mal préparés, il sentait se
décomposer sa couronne de roi. Il ne restait plus que la guerre pour le
défendre contre le mauvais sort. Le voilà qui prend l’uniforme de chef des armées.
Vite, on va lui trouver un terrain de bataille. Son alter ego, le roitelet du
Mali va lui offrir un grand champ d’exercice à la tuerie sur un plateau.
Finies les jérémiades des
millions de victimes de l’austérité des licenciements, du chômage et de la vie chère. Vive la Patrie. L’État
patriotique se doit de protéger ses homologues étrangers, leur chef d’état,
leurs richesses. Il doit faire les gros bras, montrer sa force. Le droit sur
les conditions d’intervention est pour lui, accessoire et donc sans effet. Il
est indifférent à toute morale quant aux conséquences de sa guerre sur les
populations civiles.
Enfin Il va pouvoir
« rendre vivante la peur » qui sommeille ou qui déjà inquiète ses
propres citoyens. Il a toujours un
plan « vigie pirate » dans ses bagages. Paralyser ses ouailles, leur
clouer le bec, pour cela rien ne vaut une belle guerre baptisée Croisade contre
les Infidèles musulmans et terroristes d’Afrique. Initiative hasardeuse,
roulage de mécanique imprudent, alors que les peuples de cinq pays nord
africains ne sont opposés aux musulmans adeptes de la Guerre sainte que pour
leurs actes terroristes et qu’ils ne s’opposent pas à ce que leurs gouvernements,
déjà installés dans des constitutions autoritaires et religieuse (charia), négocient
avec les groupes armés.
Cette forfanterie
patriotique a déjà eu ses premiers effets encourageants : Un otage que
notre brillante armée se proposait de libérer, en Somalie, a été tué ainsi
qu’un des deux soldats en hélicoptère, préposés à la manœuvre. En Algérie, 45
salariés d’un centre industriel ou pétrolier viennent d’être pris en otages.
Notre chef des armées n’a pas de chance. Mais la patrie est en danger. Faisons
l’union sacrée. Nos élus et nos élites, grâce à la guerre, se frottent les
mains. Ils peuvent, gauche et droite confondues, sabler le champagne avec les
banquiers et les vendeurs d’armes.
L’armée commande Le bon
peuple se tait et obéît. La « discipline est la force principale des
armées ». Quelle aubaine pour ces criminels de guerre que de faire de
chaque individu un soldat.
“La qualité essentielle... du parfait soldat... c’est l’obéissance
passive, l’abdication de toute individualité, le renoncement absolu à soi-même,
la servilité abjecte et féroce du bouledogue...”, écrivait Blanqui. Et
Proudhon complète : “Le type du
machinisme est le soldat... On peut définir la discipline comme la substitution
d’une idée étrangère à l’idée propre de l’homme. Le remplacement de son âme, de
sa conscience, de son intelligence par une âme qui n’est pas la sienne. L’homme
discipliné s’est désappris de lui-même. De tout temps on a fait une âme factice
au soldat comme au moine... C’est une bête qu’on monte, qu’on gruge, qu’on
enivre à propos, comme on endort l’autre avec l’opium de la théologie et de la
piété. Où est l’homme dans le soldat, où est-il dans le moine ? »
Alors, Bouledogue, Machine, Bête qu’on monte, qu’on gruge, à vous
de choisir ! Et si on restait homme, après tout …
Archie Janvier 2013