Sous le titre
« Le poison de l’Industrie »,
le journal Le Monde, dans sa rubrique « Écologie », relate
l’histoire présente d’une grande société chimique (Arkhama, 1800 ouvriers).
Considérant son affaire comme non rentable, le propriétaire arrête la
production et brade l’ensemble à un fonds spéculatif suisse, mettant sur le
carreau ses 1800 ouvriers. Or, il se trouve que les produits chimiques fabriqués
depuis des années sont toxiques et ont été à l’origine d’affections plus ou
moins graves chez nombre de travailleurs, mais aussi mortelles.
Au combat mené contre les propriétaires anciens ou
nouveaux, pour garder une activité
rémunératrice, s’ajoute la fondamentale question de la suppression d’une
production mortifère touchant les ouvriers, les populations environnantes et
les utilisateurs, suppression
assortie du combat pour la recherche d’une solution garantissant le maintien du
revenu des salariés concernés.
C’est ce double combat qui a été évoqué, sous des angles
différents, dans une émission de France Inter(1) ainsi que par l’association
« Pièces et Main d’œuvre »(2) qui bataille contre la nocivité des
nouvelles, anciennes et inutiles productions. Elle lutte en effet contre ce que
le journal Le Monde appelle les « Poisons de l’Industrie » issus de
l’idéologie productiviste, consumériste du capitalisme, fruits d’une logique de croissance,
d’une « Science sans conscience » mettant l’homme au service de la
machine au lieu de l’inverse.
Dans ce double combat deux logiques s’affrontent :
l’une limite son objectif à la remise en activité de l’usine pour produire le
même matériau, mais en obtenant du propriétaire des garanties pour une
meilleure sureté et un contrôle accru du mécanisme de réduction des effets
nocifs de la fabrication du produit. L’autre remet en question cette solution
et estime nécessaire d’arrêter la fabrication d’un tel poison.
Il va de soi que, dans cette deuxième hypothèse, et pour
régler le problème du revenu des ouvriers ainsi que l’élaboration d’un projet
de reconversion de l’outil de travail, seule l’expropriation du propriétaire de
l’usine et sa prise de possession par le collectif ouvrier constitue un facteur
de succès dans ce combat.
Sont alors remis en cause le droit pour le capital de
confisquer à son profit la richesse produite par les seuls salariés, de même
que l’appropriation et la direction par le capitaliste de l’outil de travail.
Enfin c’est la disparition du contrat inégalitaire de travail, le salariat, au
profit du contrat égalitaire coopératif et mutuel.
Il s’agit donc bien de ne pas nier que le fonctionnement du
système économique capitaliste est irréversible et ne peut survivre que dans la
croissance permanente du couple produire et consommer. Aucune régulation de ce
mécanisme ne doit nuire à son efficacité. Les organes de contrôle de la
production de biens et services, quand ils ne sont pas directement tenus par
les agents du capitalisme, ne peuvent être que des freins à contourner ou des
faux semblants, quelque soit la volonté et la morale de leurs responsables.
L’exemple des agences de sureté sanitaires, nucléaires, industrielles en
général illustre ce phénomène. Elles n’ont pu éviter les récentes catastrophes.
L’objectif du profit maximum, soit
par entente, soit par absorption, soit par élimination du concurrent est
incompatible avec l’intérêt général et la vie même des sociétés. La fin
justifiant les moyens, le principe même du Contrôle est attentatoire aux fins
poursuivies. Cicéron disait déjà : Qui contrôlera les contrôleurs ?
(« Quis custodet custodes ipsos ? ».)
Pour conclure, en cette période de destruction avancée du
tissu industriel français et du reste des protections sociales des
travailleurs, de l’effarant gonflement simultané des profits du Capital et de
la pauvreté, il apparaît indispensable de ne pas accepter l’inacceptable. Au
moment ou se déroule le défilé des marionnettes de la « Foire du Trône » citoyenne, ou les pires
ennemis de l’environnement sont ceux qui, prétendant le défendre, mènent la
dure bataille pour poser leur postérieur sur un siège de député, il est temps
de rompre avec les structures économiques, sociales bâties par la
« Féodalité financière », étayées par une Constitution monarchique
issue du Coup d’État d’un général, fruit de la démission et de la lâcheté des
« représentants du Peuple ».
Dans le journal Le Monde du 18 avril, on pouvait lire les
réponses de deux jeunes interrogés sur ce qu’ils souhaitaient voir jaillir du
vote présidentiel. L’une parle de « grandes messes pour accéder au
misérable trône de France…moisi de l’intérieur ». L’autre est sans
appel : « Un taux record d’abstention ». Grace au combat aboutissant à une
volumineuse abstention, disait Proudhon, le pouvoir est mis hors la loi.
L’insurrection est légitime.
(1) Émission
« Là bas si j’y suis » du mercredi 4 et du jeudi 5 avril 2012…
(2) Pièces et Main d’œuvre.
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