CHRONIQUE
HEBDO « SUR LE BANC » des accusés François Hollande, chef de l'Etat français.
Procès
imaginaire du chef de l'Etat.
COUR PÉNALE
INTERNATIONALE : Première séance
du 31 Janvier 2013. (pour voir la 2ème séance)
L'INCULPÉ |
Après avoir invité
l’inculpé à décliner ses nom, prénom et qualités, lui avoir fait jurer de dire
la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, le Président de la Cour s’adresse
alors au prévenu en ces termes :
- « François
Hollande, vous êtes accusé par le procureur général de cette Cour, d’avoir, en
votre qualité de chef de l’État français, commandité l’invasion d’un pays étranger,
le Mali, sans la décision du Conseil de sécurité des Nations Unies vous
chargeant explicitement d’une telle mission. Ce faisant, en agissant illégalement
c’est-à-dire en ne respectant pas les dispositions du droit international que
votre pays a pourtant signées, vous êtes mis en examen devant cette Cour et
passible des peines prévues par la loi internationale. Vous avez la parole ».
L’inculpé : « Certes, monsieur le Président, ma décision
de porter la guerre au Mali était illégale, mais mes conseillers m’ont affirmé qu’elle
était « légitime » puisqu’il s’agissait de sauver un chef d’État en difficulté
dans son propre pays envahi par des « terroristes ». Pour prouver ma bonne foi,
j’ai demandé au Président Traoré de m’envoyer une lettre réclamant mon aide. Ce
qu’il a fait, en envoyant par la même occasion une missive identique au premier
ministre anglais ».
Le Président : «
Monsieur Hollande, en tentant de justifier l’illégalité de votre acte par la
notion floue de « légitimité », vous semblez, tel l’État que vous dirigez, « étranger au Droit ». Dans votre pays
où plusieurs millions de vos compatriotes vivent en dessous du seuil de pauvreté
- certains ne pouvant qu’à peine se nourrir - accepteriez-vous comme légitime l’acte
illégal consistant à voler un pain dans une boulangerie ? ».
L’inculpé : « Un
de mes homologues, chef d’État, étant agressé, je me suis senti agressé moi-même.
Je me suis considéré comme en état de « légitime » défense. Et puis il me paraît
indécent de comparer la situation d’un pauvre affamé avec celle de l’élite
dirigeante d’un État. Rappelons-nous la juste et célèbre formule de La Fontaine
: « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de Cour vous
feront blanc ou noir ». Plutôt que de « noircir » le tableau, il me semble que
je mérite d’être « blanchi ».
Le Président
: « En admettant que vous sauviez
la tête de votre « ami » Traoré mis en danger par vos « terroristes », on
constatait en même temps que vous lanciez l’opération « Serval », qu’à Bamako des manifestants
réclament son départ. Ne croyez-vous pas que votre initiative soit une mauvaise
solution quant au drame malien et ne fasse qu’amplifier les effets du mal ? Vos
amis européens l’ont bien compris, qui traînent les pieds pour vous apporter l’aide
promise. Quant aux USA, ils refusent dans un premier temps toute aide dans une
opération consistant à rétablir sur le trône un chef d’État issu d’un coup d’État (le 22 mars 2012)
militaire et donc chef d’un « gouvernement putschiste ». Pour sa part, le
Qatar, avec qui vos liens de toute sorte et fondés sur la finance, désapprouve votre action au Mali. Il
est vrai qu’il arme vos « terroristes ».
L’inculpé : «
Mais, monsieur le Président, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs.
Nous avons fait la leçon à nos troupes et aux troupes maliennes pour qu’elles
se conduisent bien. Nous espérons être entendus.
Le Président :
Vos conseils sont
restés lettre morte. Des organisations humanitaires s’inquiètent. On me dit
que, les exactions par l’armée malienne se généralisent. Des milices
progouvernementales, ont préparé des listes de « collaborateurs » à « punir ». Ces milices - dans lesquelles se
trouvent notamment des « Songhaï » et des « Peuls » - sont équipées par les
militaires qui leur donnent pour consigne « Partez et ramenez la tête d’un
Touareg ». La France, au nom de laquelle vous prétendez agir, ne pourra se laver
les mains des abus commis par une armée malienne qu’elle porte à bout de bras.
Significative du chaos que vous avez créé, cette réponse d’un officier malien à
un journaliste qui a pris un cliché de cadavre à Sévaré : « Mais qu’est-ce que
tu crois qu’on fait avec les suspects qu’on chope ? On les zigouille. »
L’inculpé : «
Monsieur le Président, je dois vous dire toute la vérité. Si, officiellement,
je suis le responsable de cette guerre, ce n’est pas moi qui ai décidé de la
faire. En fait l’invasion du Mali par la France a été décidée par le général
Benoit Piga, mon chef d’Etat-major. J’ai choisi ce général parce qu’il avait été
aussi le chef d’Etat-major de mon prédécesseur Nicolas Sarkozy. Son expérience
guerrière était impressionnante. A son actif, le déclenchement de la guerre en
Lybie. Et il faut se demander, en toute modestie et comme le souligne un de mes
amis : « Y a-t-il eu, à l’Élysée, quelqu’un ayant suffisamment de poids et d’autorité
pour oser s’opposer aux demandes des militaires ? ». Je ne peux donc être désigné
comme le seul responsable des défaillances de l’opération « Serval ».
Le Président : «
Accusé, en avouant que vous n’avez pas pu résister à une mesure décidée par un
subalterne, le général Piga, mesure qui ne pouvait conduire qu’à une violation
du droit international et à une intervention armée illégale, vous contrevenez
aux règles constitutionnelles définissant votre rôle de chef de l’État et des
armées. Il s’agit donc d’un nouveau chef d’inculpation que notre Cour pénale
internationale transfèrera à la juridiction compétente de votre pays. Quant aux
éventuels crimes de guerre ou contre l’humanité, liés à votre invasion du Mali
et que vous n’auriez pas pu empêcher, ils seront examinés par notre
juridiction.
L’inculpé : «
Malgré tous les efforts de notre armée, monsieur le Président, il sera
difficile d’empêcher ces crimes. La vengeance, le règlement de comptes sont d’autant
plus fréquents que la population du Mali vit depuis de longues années dans la
misère économique, sanitaire, intellectuelle la plus noire. Les services
publics de l’école et de la santé ont pratiquement disparus. L’élite
politicienne, financière, multinationale privée, qu’elle soit néocoloniale ou
autochtone, confisque à son profit toute la richesse du pays. Près de 65% de la
population est analphabète. L’islam, modéré ou djihadiste, règne sur 80% des
maliens.La religion si prégnante dans ces pays, annihile tout esprit critique.
Autant d’éléments destructeurs de toute morale et favorisant la criminalité.
Le Président : «
Raison de plus, monsieur Hollande pour ne pas contribuer à amplifier ce désordre
moral par une invasion militaire. Vous savez certainement que “La qualité
essentielle... du parfait soldat... c’est l’obéissance passive, l’abdication de
toute individualité, le renoncement absolu à soi-même, la servilité abjecte et
féroce du bouledogue...”, comme l’écrivait déjà en 1870 Auguste Blanqui. Et
Pierre joseph Proudhon complétait : “Le type du machinisme est le soldat... De
tout temps on a fait une âme factice au soldat comme au moine... C’est une bête
qu’on monte, qu’on gruge, qu’on enivre à propos, comme on endort l’autre avec l’opium
de la théologie et de la piété. Où est l’homme dans le soldat, où est-il dans
le moine ?». Un ancien combattant de la longue guerre du Liban (1975-1990,
entre 130 et 260 000 victimes civiles) répondait à un journaliste : « Dès que
vous avez une arme entre les mains, elle remplace le cerveau ». Difficile, dans
ces conditions, de penser qu’un déploiement de soldats, même si on les fait s’opposer
à des « moines soldats » islamistes, vont ramener sur le pays une forme de sérénité
et de paix morale. Vous ne savez pas, monsieur Hollande, que le dictateur
syrien, Bachar el Assad approuve votre intervention contre des « rebelles
terroristes » et aimerait bien qu’on pourchasse aussi ses propres rebelles.
Vous auriez donc tout intérêt, si vous ne voulez pas que les chefs d’accusation
s’alourdissent, à mettre un terme à cette tragique, illégale et grotesque
intervention ».
L’inculpé : «
Monsieur le Président, si vous me faites la grâce de me remettre en liberté
conditionnelle, je vais m’y employer, d’autant plus que nos troupes sont freinées,
dans leur héroïque poursuite des « terroristes », par le sable. Jamais nous n’aurions
pu imaginer ces gigantesques amoncellements de sable dans le Sahel. Bien
entendu, je consulterai, avant toute initiative, le général Piga qui a toujours
été de bon conseil et qui sait décider à ma place.
Le Président : « Décidément,
piètre inculpé, vous ne comprenez rien à rien. Vous allez demander son avis à
un soldat qui ne possède, en guise de cerveau, qu’un missile ou un drone !
Rappelez-vous Hiroshima, Nagasaki et le « fanatisme » militaire, politique et
scientifique qui conduisit à exterminer plusieurs centaines de milliers de
civils japonais pour « expérimenter » la bombe atomique ! Je me demande si la
Cour prendra la décision de vous relâcher ».
FIN DE L’AUDIENCE
2 commentaires:
Merci pour ce texte. J'ai dû batailler hier avec des pratiquants d'une religion n'ayant que le mot paix à la bouche et dans leurs textes chaque jour que l'univers produit d'un bout à l'autre de l'année, et qui admiraient l'admirable courage du chef de guerre, envoyant ses soldats apporter la paix à coup de joujous de chez Dassault, en mettant une bonne fessée aux croque-mitaines "terroristes" du jour, nous préservant par là (c'est le comble, c'est, je pense, le contraire) de l'entrée dans nos saintes frontières de ce dit "terrorisme". Je leur ai mis un peu le nez dans leurs contradictions : on bêle la paix toute l'année, et on applaudit le premier chef de guerre qui fait faire la guerre. Incroyable ce que les gens (et nous aussi, d'où l'utilité de pratiquer une auto-défense intellectuelle, comme écouter Chronique-hebdo par exemple) sont perméables à la propagande du pouvoir ! Mais celle-ci est partout, et rares sont les gens ordinaires à écouter RL... malheureusement.
Courage, l'Ami...
On va bien finir par extirper le terrorisme d'État ! Deuxième Audience : Hollande va craquer.
Jacques
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