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LA PRESSE…À L’HONNEUR
La Foule, ce « crocodile », disait Auguste Blanqui, s’est régalée tout au long de ce festif mois de mai. La horde des papimanes, venue en troupeau à Rome agglutinée, agenouillée devant le mandaté divin béatifiant béatement son prédécesseur, a su s’humilier, chanter en chœur la mélopée de Blaise Pascal : « Le Moi est haïssable ».
Et puis ce fut un mariage royal anglo-saxon ; La cohorte des idolâtres royaux, en souvenir ému de ses ancêtres transportés d’aise à la vue d’une tête royale coupée avec foi, a applaudi sans ménagement aux épousailles d’une roturière avec un Prince, devant le Palais des souverains de la douce Albion.
Enfin ce fut les aventures domestiques du petit « Sardanapale » des temps moderne, ce roi des finances mondiales, obsédé, dit-il, par l’argent, les femmes et la judéité, et qui, comme son ancêtre, roi de Perse, débauché et cruel, finit mal.
Jamais un tel florilège de festivités mal famées ne s’était succédé en un si court temps. Journaux, télévisions, radios s’en sont donnés à cœur joie. Ces journées bénites ont été, pour la Presse, une véritable apothéose. Les exercices de style, les commentaires imagés, copiés et ressassés en boucle furent à la hauteur.
Des milliers de journalistes, du Monde entier, tels des fauves affamés dont les maîtres avaient détaché la laisse, se sont rués sur le grand torero argenté et blessé, pour en décortiquer les entrailles.
Braves bêtes…Un Saint Pape, Un futur Roi et sa fille du Peuple. Un graveleux et gigantesque fait divers à se mettre sous la dent ! C’est pas tous les jours fête ! Ce sont leurs propriétaires qui vont saliver. Donner à la foule déjà décervelée, un brouet de soumission, d’admiration veule au Sabre et au Goupillon, de bassesse, de vulgarité, de lamentos, de frissons lubriques devant le fil de ferriste qui va tomber…..Un vrai et réconfortant labeur médiatique !
Comme dirait Zo d’Axa, auteur journaliste de « L’En Dehors » : « On ne raisonne pas, on trotte, on suit la mode. On se laisse toujours conduire, influencer. Et comme tout le monde on agit, c'est commode, puis ça ne donne pas la peine de penser... » Zo d'Axa Extrait de "bêtes sacrées"
Mais enfin, protesteront les bonnes âmes, que faites vous de la liberté d’expression ? Même s’ils ne pensent pas, ces agents d’expression, ils nous montrent des images, ils parlent d’or en radotant, ils « plumitivent ». .. ils font comme tout le monde.
...
Cette liturgie uniforme et dérisoire du spectacle médiatique ressemble au rite processionnaire des édifices de la superstition , de la dévotion au Maître. N’est-ce point de l'aveuglement de la pensée, de l'entraînement routinier, de l'indifférence du demi sommeil ?
L'audimat, le sondage, l’enquête d’opinion, le commentaire des experts officiels enregistrent la régularité conventionnelle de la «pratique».
« Croire ou penser, …il faut choisir »
Sans pensée propre à l’individu, que signifie une liberté d’expression ? Stirner répond : « Donnée ou octroyée, la liberté est un vain mot. » « ... je ne peux avoir plus de liberté que je ne m'en procure grâce à ma particularité... » (L’Unique et sa propriété. « L’Age d’Homme. Lausanne. P.219)
« … Que sert-il aux moutons que nul ne restreigne leur liberté de parole ?... ils ne feront jamais que bêler. Donnez à un croyant, qu'il soit musulman, juif ou chrétien, la permission de dire ce qu'il voudra. Il n'aura jamais que des niaiseries bornées à raconter... » (L’Unique…P219)
La Presse a-t-elle pour rôle de stimuler les passions de celui auquel elle s’adresse, d’encourager sa crédulité, d’étouffer le doute au profit de l’ « absolu », de mettre en branle en chacun de nous les « affects », mélange d’émotions, de pulsions de vie mais aussi de mort ?
« L’Ecole du Scandale »
« Personne ne peut atteindre tout à fait à la vulgarité des gens super raffinés. »
(Mark Twain)
En 1951, dans la revue Caliban, Camus jugeait sévèrement les journalistes et les intellectuels, professionnels du « scandale et de la délation ». Il évoquait avec douleur la trahison des élites responsables de la mort des sociétés. Cette mort, due à la bêtise et à la vulgarité de ceux qui s’arrogent le droit d’imposer un pouvoir qui n’est que celui délégué par d’autres et qui sont confortés dans leurs actions par une presse composée de « journalistes policiers ». C’est vers une sorte d’esclavage, de servitude qu’une « presse déshonorée » conduit la société.
Quant aux « élites » dont parle Camus, elles montrent, en mai 2011, leur capacité à remporter la victoire dans le grand concours du « scandale et de la délation ». Un propriétaire du journal « Le Monde » traite d’ « immonde » un article de son journal, sous prétexte qu’il contient une critique d’un ancien président de la république, ami dudit propriétaire. Et il ajoute : « Payer sans avoir de pouvoir est une drôle de formule… ». Son acolyte, également actionnaire du même journal déclare que lorsqu’un journal « l’emmerde » (sic), il en achète une part. Enfin, toujours en ce joli mois de mai, l’ancien président du Conseil de surveillance du même journal (de référence) et qui « conseille » l’actuel président de la république, s’en prend à un député, auteur d’une brochure critique à l’endroit de l’Europe et de la mondialisation, il qualifie les propos de l’auteur de « débilités » et le classe dans la catégorie des « connards anti européens » (sic). Enfin, pour ne pas être en reste en matière de délation, un philosophe, ancien ministre de l’éducation, dénonce, sur une chaîne de télévision, les débauches d’un de ses prédécesseurs, ministre également, tout en dissimulant son nom et celui de son informateur, lui aussi « au sommet de l’Etat ».
On voit qu’aucune des conclusions de Camus sur ce qu’est la presse et ce que sont les «élites », journalistes, écrivains ou philosophes, sur ce que sont devenus les média massifiés, uniformisés, concentrés et exprimant indistinctement la bêtise, le scandale et la délation n’est à modifier.
Les journalistes de 2011 sont toujours prêts à toutes les compromissions pour l’argent ou la notoriété. Ils sont au-delà même de la notion de compromision puisqu’ils sont les serviteurs des puissantes, des « conquérants », disait Camus, dans le journal « La Gauche » 20.12.1948. Le conquérant nie l’existence de « l’autre ». Ce qu’il cherche, « ce n’est pas l’unité qui est avant tout l’harmonie des contraires, c’est la totalité qui est l’écrasement des différences… ».
Cette vision pessimiste de Camus, craignant une forme de renoncement, d’abandon, de soumission à un maître, venait en contre point à son appétit pour le combat pour la justice et l’autonomie, la force, la personnalité de l’individu. Pour lui, « la révolte, c’est la vie ».
1 commentaire:
Eh ben, bon courage.
Le monopole de la diffusion des idées est en train de crever, aidons-le.
jean jacques
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